Les chauffeurs de taxi exigent le retrait des nouvelles décisions. La station de taxi de la Place du 1er-Mai à Alger était noire de monde hier matin ; aucun véhicule à “enseigne jaune” à l'horizon pour cause d'une grève spontanée. De temps à autre, la foule se rue vers les quelques rares taxis munis d'un compteur, qui sont les seuls à travailler. Les usagers et les grévistes ont les nerfs à fleurs, de peau et n'arrivent pas à comprendre les raisons qui ont poussé la direction des transports de la wilaya d'Alger à pondre une directive qui n'arrange personne. “Il n'y a que notre pays pour obliger un fournisseur de service à augmenter les tarifs même s'il est contre. Après Algérie-Télécom, voilà que les autorités intiment l'ordre aux taxis munis de compteur de relever les prix, alors qu'ils refusent de faire payer plus cher l'usager”,s'indigne une femme qui attend depuis plus de deux heures un taxi à destination du Golfe. Les taxis collectifs ont pris la décision de recourir à une grève illimitée après les “dépassements” qu'ils ont subis la veille, selon leur version. “Des policiers ont reçu l'ordre, hier, de nous confisquer les documents, car, selon eux, nous n'avons pas encore régularisé notre situation. De quelle régularisation s'agit-il ?”, s'interroge Krimo, un gréviste, qui considère cette opération menée contre eux comme une énième humiliation. “Nous ne pouvons plus supporter la hogra”, enchaîne un autre chauffeur de taxi. Un avis, signé par le directeur des transports et distribué aux concernés par la police, ordonne aux chauffeurs de taxi collectif et ceux exerçant au compteur de respecter la nouvelle réglementation. Désormais, selon les nouveaux textes, chaque chauffeur de taxi collectif se doit de choisir un seul itinéraire qu'il est obligé de respecter minutieusement. Par ailleurs, ils ne doivent à aucun moment et pour quelque motif que se soit, s'arrêter entre deux têtes et permettre à des clients de descendre ou de monter. “Les arrêts effectués pour prendre des passagers ou les déposer, en dehors de la tête de station de ligne et celle du terminus, sont strictement interdits.” Le même document comporte un chapitre “menaces”, puisque selon la dernière disposition, les chauffeurs qui ne respectent pas les dispositions réglementaires seront sanctionnés doublement. Outre une suspension temporaire d'exercer, ils devront, à la fin de cette suspension, se reconvertir au mode individuel, à savoir “taxi avec compteur”. Bien entendu, le prix de la course est maintenu à 20 dinars la place. Les chauffeurs de taxi collectif se demandent comment faire pour respecter de telles directives promulguées pour sanctionner les usagers et les professionnels. “On augmente les tarifs des taxis individuels, on interdit aux collectifs de s'arrêter entre deux stations, on ne met pas de nouveaux bus en circulation et on se réjouit d'une telle pagaille”, s'étonne une dame qui estime, par ailleurs : “Que dire sinon que nous sommes gouvernés par des masochistes qui jubilent à chaque fois qu'ils nous sanctionnent.” Les chauffeurs de taxi collectif de la Place du 1er-Mai estiment que les autorités se sont attaquées à eux en premier avant de viser les autres stations pour ne pas affronter les 7 500 concernés en une seule fois. “Ils vont voir que nous n'allons pas nous laisser faire, et s'ils veulent suspendre notre activité, ils n'ont qu'à l'annoncer ouvertement, soutient un gréviste. En outre, le même avis oblige les chauffeurs de taxi individuel à mettre en conformité leurs compteurs avec les nouveaux tarifs et ce, avant le 15 août prochain. Cette catégorie est tenue aussi à ne plus pratiquer de jumelage, à ne plus refuser une prestation quelle que soit la direction sur le territoire de la wilaya d'Alger et à afficher les tarifs appliqués. L'usager ne payera que le prix inscrit sur le taximètre quel que soit le lieu de la prise en charge : voie publique, station, hôtel, hôpital, ou autre. Le chauffeur de taxi ne peut percevoir outre le prix de la course qu'une majoration de 6 dinars par bagage de plus de 15 kg. Toutes les 15 minutes d'attente seront facturées à 20 dinars. Les taxis de cette deuxième catégorie sont autorisés à s'arrêter sur le côté droit de la chaussée pour prendre ou déposer un client, et ce, dans les seuls endroits où ils ne provoqueront aucune gêne. Les chauffeurs de taxi, qu'ils soient collectifs ou individuels, refusent ces directives qui n'arrangent ni les usagers ni eux. Si le directeur des transports invite les chauffeurs de taxi individuel à mettre leur taximètre en conformité, c'est suite au refus des concernés d'accepter les nouvelles augmentations. S. I.