La troisième édition du Forum sur la finance islamique en Algérie se tiendra mardi prochain à l'hôtel Sheraton (Alger) et sera consacrée aux perspectives de développement de cette finance à l'échelle locale et régionale. Selon le directeur associé du cabinet français Isla Invest, coorganisateur avec la banque El Baraka, cette rencontre devrait se pencher, entre autres, sur les fondements, principes et modalités de la finance islamique, alternative dans le monde, son état des lieux et ses perspectives de développement en Algérie, ainsi que les instruments de contrôle et de régulation. «Des experts et consultants nationaux et étrangers, ainsi que des représentants des banques opérant en Algérie, en plus de responsables du ministère des Finances et de la Banque d'Algérie sont attendus à cette rencontre», a précisé hier M. Ben Terdeyet, du cabinet Isla Invest, lors d'un point de presse organisé au forum d'El Moudjahid. Parmi les questions qui seront posées lors de ce rendez-vous d'Alger : «la finance islamique peut-elle apporter un nouveau souffle au développement du secteur bancaire privé algérien ?» et «l'obligation faite aux banques d'augmenter leur capital les encouragera-t-elle pour plus d'initiatives ?» De son côté, le directeur central de la banque El Baraka, M. Nacer Haider, a expliqué les causes ayant empêché le développement de ce type de financement, alors que la première banque spécialisée dans ce sens est agréée en Algérie depuis presque 20 ans. Selon lui, la loi sur la monnaie et le crédit autorise certes les opérations d'investissement et de commerce conformes aux préceptes de la loi islamique (charia), mais ne les a pas clairement définies en tant que catégorie spécifique de financement. «La finance islamique opère selon des règles différentes que la finance classique. Par conséquent, il faudrait avoir un système adapté au code du commerce, au niveau de la législation fiscale, parce que les transactions sont structurées d'une manière particulière par rapport aux banques classiques qui utilisent des intérêts», selon l'orateur, lequel a suggéré d'introduire certaines règles pouvant faciliter l'application ainsi que la réussite de ce type de financement en Algérie. En d'autres termes, ce banquier a indiqué que les lois bancaires, commerciales et fiscales gagneraient à être revues afin d'intégrer des dispositions particulières. Existe-t-il une volonté politique de la part des autorités monétaires du pays pour la réussite d'une telle entreprise ? Oui, a-t-il affirmé, indiquant que l'Algérie demeure en manque de cadres et de banquiers maîtrisant les outils et les instruments conformes aux principes de l'islam, notamment en matière de financement de l'économie et de l'immobilier après l'interdiction des crédits à la consommation, même si un nombre d'universités algériennes enseignent certains modules liés à la finance islamique, à l'image de celle de Sétif, alors que plusieurs thèses relatives à cette finance ont été préparées au niveau de l'Ecole supérieure des banques à Alger. En France, cinq formations diplômantes sont proposées dans ce domaine par des instituts de renommée internationale, et deux universités françaises proposent des mastères, a-t-il avancé à titre de comparaison. D'ailleurs, la formation de banquiers algériens dans les instruments liés à cette finance sera un autre sujet à débattre lors du Forum. S. B.