Le Canada a déposé un dossier devant une commission spécialisée de l'ONU pour tenter d'étendre sa souveraineté sur le pôle Nord géographique, aussi convoité par la Russie et en partie par le Danemark, a annoncé lundi le gouvernement. "Le Canada a transmis des données préliminaires concernant les limites extérieures de son plateau continental dans l'océan Arctique. Les travaux visant à déterminer l'étendue complète de notre plateau continental dans l'Arctique se poursuivent et pourraient comporter la collecte de données supplémentaires autour du pôle Nord", a indiqué le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird. Pour le gouvernement canadien "le Nord est un élément essentiel de l'héritage collectif et de l'avenir du Canada", avec l'objectif d'en "faire une région dynamique, prospère et sûre au sein d'un Canada fort et souverain", a déclaré la ministre pour le Développement du Nord, Leona Aglukkaq. Pour faire reconnaître des droits sur le pôle Nord, le Canada devra prouver scientifiquement que le plateau continental extérieur est une extension de son territoire, par exemple avec des analyses prouvant la même composition géologique des roches. En vertu de la Convention sur le droit de la mer, les Etats côtiers peuvent se faire reconnaître des droits souverains sur les ressources naturelles des fonds marins du plateau continental, au-delà de la limite des eaux territoriales des 200 miles marins. Chaque pays doit prouver techniquement qu'il a une extension de sa plaque continentale et suivre un processus rigoureux pour en délimiter les limites extérieures et obtenir ainsi une reconnaissance internationale de cette démarcation. Le Canada a reconnu lundi qu'il allait lui falloir "entreprendre des travaux scientifiques considérables pour définir les limites extérieures d'un plateau continental de cette taille". Ottawa a également soumis sa proposition à l'égard du plateau continental dans l'océan Atlantique à la Commission des limites du plateau continental (CLPC) des Nations unies, a précisé le ministère. "Cette demande concernant l'océan Atlantique est un pas important vers la concrétisation de notre priorité : obtenir la reconnaissance internationale de notre plateau continental dans toute son étendue", a jouté John Baird. La CLPC a été créée par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) en 1982 et les Etats avaient dix ans, après l'avoir ratifiée, pour déposer un dossier. Dans le cas du Canada, l'échéance était vendredi puisqu'il a ratifié cette Convention en 2003, tandis que le Danemark a encore un an pour le faire. Le dossier de la Russie a été retoqué en 2002 à cause de la faiblesse de son argumentaire scientifique, et elle devrait donc représenter son dossier pour éviter que le Canada ou le Danemark ne mette la main sur le pôle Nord géographique, une zone immense au milieu de l'océan Arctique.