Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué hier que le désarmement par les militaires français des milices en Centrafrique n'est «pas un travail facile», jugeant que les miliciens se fondent dans la population civile. L'opération de désarmement des groupes armés en Centrafrique a commencé hier, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. «Ce n'est pas un travail facile mais nos militaires sont très, très professionnels et préparés. La difficulté, c'est que beaucoup d'ex-Séléka ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (...) et il est difficile de reconnaître les individus», a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur la radio France Inter en référence à l'ancienne rébellion. «On a expliqué aux uns et aux autres, à la radio et par différents médias disponibles, qu'il fallait ramener les armes, le président (Michel) Djotodia a dit la même chose, on va donc aller au contact et si ce n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée», a dit M. Fabius. Après le vote ad hoc de l'ONU jeudi, la France a déployé 1600 militaires en République centrafricaine, en proie au chaos depuis le renversement en mars du président François Bozizé. M. Fabius a en outre indiqué qu'il fallait «travailler» avec les autorités de transition en Centrafrique jusqu'aux élections qui doivent être organisées le plus vite possible, «même si (elles)-mêmes ou leurs correspondants ont des difficultés». Laurent Fabius a rappelé que «ni le président (centrafricain) ni le Premier ministre ni aucun des membres du gouvernement ni le Bureau de l'Assemblée nationale ne peuvent se présenter aux futures élections. Cela a été décidé par les pays africains voisins, accepté par l'Union africaine et par l'ONU», a-t-il affirmé. Selon M. Fabius, le coût de l'intervention française sera «minime» car les troupes étaient déjà sur place dans les pays voisins. De son côté, le président centrafricain Michel Djotodia a affirmé hier avoir le soutien des autorités françaises après les massacres qui ont ensanglanté Bangui ces derniers jours et les critiques du président François Hollande à son encontre. La déclaration de M. Hollande constitue un important soutien pour la transition qui n'a pas été remise en cause, contrairement aux allégations relayées par certains observateurs, a affirmé M. Djotodia, dans une déclaration à la radio d'Etat. «Je demande au peuple centrafricain de s'abstenir de toute manifestation hostile au président français», a-t-il ajouté. Samedi soir, François Hollande avait émis de vives critiques à l'encontre de Michel Djotodia. On ne peut pas laisser en place un président qui n'a rien pu faire, a laissé faire, a accusé le chef de l'Etat français, à la suite des massacres qui ont fait près de 400 morts à Bangui depuis jeudi.