Opération - Les militaires français déployés en Centrafrique, qui ont perdu avant-hier, deux des leurs, poursuivaient ce matin le périlleux désarmement des groupes armés à Bangui. La veille, les soldats français ont reçu le soutien appuyé du président François Hollande. Surveillant les mouvements dans la ville — placée sous couvre-feu de 18h (17h GMT) à 6h — grâce à leurs hélicoptères, les soldats de l'opération «Sangaris» ont désormais en outre la tâche d'éviter une généralisation des représailles contre les civils musulmans de la part d'une population chrétienne terrorisée pendant des mois par les exactions de combattants de l'ex-rébellion Séléka. Avant-hier et hier, des pillages de commerces par des foules vengeresses appartenant à des commerçants musulmans ont suivi, dans certains quartiers, des opérations de désarmement menées par les soldats français. La mission de la France en Centrafrique est «dangereuse» mais «nécessaire» pour éviter «un carnage», a souligné hier, mardi, le président Hollande lors d'une courte visite à Bangui où il s'est recueilli devant la dépouille des deux soldats tués la veille. «Il était temps d'agir», a ajouté M. Hollande, venu d'Afrique du Sud, où il avait assisté le jour-même à la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela. Sa visite intervient au deuxième jour des délicates opérations de désarmement des milices et groupes armés qui sévissent à Bangui, où la situation reste très instable, avec des pillages et des tentatives de représailles contre les civils musulmans. Dès son arrivée, il s'est recueilli devant les cercueils des deux soldats du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine de Castres (sud) à l'aéroport de la ville, où est basé l'essentiel du dispositif de l'opération française «Sangaris», avec 1 600 hommes au total. Dans la nuit, vers 23h, au moment où M. Hollande quittait Bangui, des tirs nourris mais très brefs ont été entendus près de la télévision publique, à quelques kilomètres de l'aéroport, ont indiqué des habitants du secteur. «Sinon, on a rien entendu de toute la nuit», a ajouté l'un d'eux. «Ce matin, les gens sortent massivement autour de chez moi» contrairement aux jours précédents, a raconté un habitant du quartier de Ben Zvi, non loin de la Primature. Sur le plan institutionnel, M. Hollande, qui a rencontré les autorités de transition, a répété qu'il souhaitait voir des élections générales organisées «dès le second semestre» 2014 et non début 2015, comme cela est en principe prévu par le calendrier de la transition politique centrafricaine. Le président Michel Djotodia avait été vivement critiqué le week-end dernier par le chef de l'Etat français, qui l'a accusé d'avoir «laissé faire» les massacres inter-religieux de ces derniers jours, qui ont fait quelque 400 morts selon Paris. Les deux soldats ont été tués dans la nuit au cours d'un accrochage avec des assaillants non-identifiés dans un quartier proche de l'aéroport. Il s'agit des premières pertes françaises depuis le déclenchement de l'intervention française «Sangaris», dans la foulée d'un feu vert jeudi dernier de l'ONU.