L'Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad) doit se réunir jeudi en sommet extraordinaire à Juba, capitale du Soudan du Sud pour discuter de la crise dans ce pays, où l'armée gouvernementale a affirmé avoir repris aux rebelles la ville pétrolière de Malakal. Selon l'ambassadeur du Soudan à Juba, Mutrif Sidig, les dirigeants de l'Igad comptent à l'occasion de leur rencontre de jeudi pousser les deux parties rivales dans la crise sud-soudanaise à signer l'accord de cessez-le feu que leur proposent les médiateurs du conflit à Addis-Abeba, en Ethiopie. L'Igad, qui regroupe sept pays est-africains, tente en tant que médiateur dans la crise d'obtenir un cessez-le-feu pour mettre un terme au conflit entre les forces gouvernementales du président Salva Kiir et les rebelles conduits par Riek Machar, ancien vice-président limogé. Ce sommet contribuera à relancer les négociations de paix toujours au point mort entre les parties prenantes au conflit actuellement présentes à Addis-Abeba, a affirmé le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn, à la tête de l'Igad. Le président soudanais Omar al-Bachir a été invité par le Premier ministre éthiopien pour prendre part au sommet. C'est le deuxième déplacement du président soudanais à Juba depuis le début du conflit, à la mi-décembre. Le sommet extraordinaire de jeudi sera précédée par une réunion des ministres des Affaires étrangères du bloc sous-régional mercredi à Juba. — l'armée gouvernementale dit contrôler Malakal— Alors que les efforts s'intensifient pour tenter de résoudre la crise qui ravage le plus jeune pays au monde, les combats continuent de plus belle et chaque camp tente de gagner du terrain. La veille, l'armée sud-soudanaise a affirmé après plusieurs jours d'affrontements avoir repris aux rebelles la ville pétrolière de Malakal, à plus de 500 km au nord de la capitale Juba. Les forces loyales au président Salva Kiir et les rebelles fidèles à Riek Machar s'affrontaient depuis la mi-janvier pour le contrôle de la ville, qui a changé plusieurs fois de mains depuis mi-décembre et dont les deux camps occupaient respectivement jusqu'ici les parties nord et sud. "Malakal est enfin dans les mains de la SPLA, l'armée régulière sud-soudanaise", a déclaré le porte-parole de l'armée Philipp Aguer, affirmant que les rebelles "ont été chassés de la localité". Vendredi, l'armée sud-soudanaise avait indiqué avoir perdu le contact avec ses forces à Malakal, sur laquelle elle avait lancé mi-janvier une offensive pour en reprendre le contrôle. Les combats qui se succèdent depuis le début du conflit ont entraîné un exode massif des habitants. Samedi, les forces gouvernementales avaient repris un autre foyer important de combats, la localité de Bor, capitale de l'Etat du Jonglei, d'où les rebelles menaçaient de marcher sur Juba, environ 200 km plus au sud. Les forces fidèles à Machar ont minimisé la perte de Bor, évoquant un simple "repli tactique". L'armée sud-soudanaise et les forces fidèles à Machar s'affrontent depuis le 15 décembre au Soudan du Sud, où M. Kiir accuse M. Machar d'avoir fomenté un coup d'Etat. Ce dernier qualifie ces accusations de prétexte utilisé par le chef de l'Etat pour se débarrasser de ses rivaux au sein du régime, issu des longues années de lutte sudiste contre le gouvernement de Khartoum, ayant abouti à l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. —La crise humanitaire s'amplifie— Selon des sources humanitaires et des analystes, ce conflit pourrait avoir déjà fait 10.000 morts, dont au moins 200 civils noyés dans le naufrage du bateau sur lequel ils avaient embarqué pour fuir les combats à Malakal. Les Nations unies évoquent également environ 400.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, alors qui sont plus de 86.000 à se réfugier dans les pays voisins pour fuir les violences. Le nombre de réfugiés pourrait atteindre les 100.000 d'ici fin janvier, selon l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait récemment accusé les deux parties en conflit de voler des vivres et de l'aide humanitaire destinée à soulager les souffrances des personnes touchées par le conflit. La moitié des réfugiés, âgés de moins de 18 ans, se sont rendus en Ouganda (46.500 personnes). Plus de 20.600 autres réfugiés se trouvent en Ethiopie, au moins 8.900 sont au Kenya et environ 10.000 autres personnes ont trouvé refuge au Soudan, d'après le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Pour faire face à la détérioration de la situation, l'agence onusienne a prévu de construire de nouveaux camps de réfugiés et d'agrandir ceux qui existent déjà en Ouganda, en Ethiopie et au Kenya.