Trois centrales syndicales marocaines ont décidé d'adopter une position commune pour exprimer leur refus catégorique des décisions relatives à la réforme des régimes de retraites que le gouvernement dirigé par le Parti justice et développement (PJD, islamiste) compte lancer courant 2014. L'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) ont annoncé leur opposition "à toute atteinte des acquis des retraités ainsi que tous les droits et libertés", qualifiant d'"unilatérales" les décisions gouvernementales, indique un communiqué conjoint de ces trois syndicats cité mardi par la presse locale. Selon les trois centrales, ces décisions sont "hostiles à la classe ouvrière, en particulier celles relatives aux libertés et aux droits syndicaux, aux acquis sociaux, au pouvoir d'achat et à la caisse de compensation, aux hausses successives des prix des carburants, des produits de base et des services". Estimant que le gouvernement cherchait à "imposer aux salariés à travailler plus et contribuer davantage pour des pensions réduites", les trois syndicats ont souligné qu'ils tenaient l'exécutif pour "responsables de la tension sociale" avant d'annoncer qu'ils poursuivront leur action commune pour prendre des initiatives qui seront ultérieurement définies. Pour rappel, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait évoqué en janvier 2013 l'idée d'une réforme du régime des retraites préconisant notamment une prolongation de l'âge de mise à la retraite des fonctionnaires affiliés à la Caisse marocaine des retraites (CMR), déficitaire depuis la fin 2012. La CMR serait dans l'incapacité de payer les pensions de ses retraités à partir de 2021 si aucune mesure n'est prise d'ici là, avait-il déclaré. Début décembre dernier, il avait convoqué une réunion consultative sur ce dossier, laquelle avait été boycottée par les syndicats les plus représentatifs. L'UMT, le syndicat des travailleurs le plus important avait considéré que les conditions de succès de tout dialogue exigent, entre autres, la garantie et la protection des libertés syndicales, la fin des licenciements abusifs des responsables syndicaux et la réintégration des licenciés. Le journal "L'économiste" avait indiqué dernièrement que 2014 sera l'année où le gouvernement procédera au début de la refonte des régimes de retraite à travers laquelle l'âge de départ à la retraite sera porté de 60 à 62 ans dès 2015 et sera relevé progressivement à 65 ans, soit à raison d'un semestre par an. Le quotidien avait révélé que le régime des fonctionnaires sera le premier à être réaménagé et dans lequel "tous les paramètres seront retouchés : l'âge de départ à la retraite, le taux de cotisations ainsi que l'assiette et l'annuité de liquidation de la pension". Le directeur de la CMR (réservée aux fonctionnaires du secteur public), Mohamed el Alaoui Abdellaoui avait révélé que le coût financier du retard dans la mise en place de la réforme du régime des retraites au Maroc est évalué à près de 20 milliards de dirhams (environ 1,8 Mds d'euros), pour chaque année au-delà de 2012. "Plus on tarde dans la prise de décision, plus les mesures à prendre deviennent compliquées et accentuent la charge à répartir sur les trois paramètres de la réforme de retraite (âge de la retraite, prestation de la retraite et taux de cotisation)", selon M. Abdellaoui. "Vu l'ampleur des déficits, agir sur un seul ou deux paramètres s'avère insuffisant pour équilibrer la situation financière du régime", avait-il dit affirmant qu'"en cas de statu quo et en l'absence de réforme, le régime puisera dès 2014-2015 dans les produits générés par ses réserves et les épuiserait en 2021".