La sécurité énergétique de l'Algérie à moyen et long termes, a été au centre d'une conférence débat organisée samedi à Alger, par l'Association des ingénieurs d'Etat de l'Institut algérien du pétrole à l'occasion de la célébration du 43ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Placée sous le thème "contribution au débat sur la transition énergétique au service du développement économique", la rencontre a regroupé les principaux acteurs et opérateurs directement concernés par le thème de la transition énergétique, avec pour objectif de susciter un débat et d'apporter une contribution à la sécurité énergétique à travers notamment le recours à la fois aux énergies fossiles et renouvelables. Plusieurs communications sur la sécurité énergétique du pays, à la lumière de la croissance continue des besoins de la population et du déclin progressif des ressources en pétrole et gaz, ont été présentées par les experts. D'emblée, un riche débat a été engagé entre ceux qui estiment que l'Algérie dispose encore d'importantes réserves d'énergie et ceux qui, au contraire, soutiennent que le pays sera bientôt incapable d'exporter d'hydrocarbures. Les participants ont posé la problématique des hydrocarbures en termes de production, de réserves et d'exportation. Pour certains observateurs, la soutenabilité de la demande nationale n'est pas assurée totalement, et il s'agit d'éviter une "rupture potentielle" d'approvisionnement interne comme ce fut le cas pour l'Egypte. Le recours à l'exploitation du gaz de schiste a été préconisé par les experts à l'instar de Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach, qui affirme à ce propos que "les réserves énergétiques de l'Algérie vont s'épuiser d'ici 25 ans". Selon lui, l'Algérie sera obligée de réduire ses exportations dès 2019-2022 en raison de la demande domestique croissante, si elle n'investit pas dans d'autres sources d'énergie notamment le gaz de schiste. En outre, le gaz de schiste ne pourra répondre à la demande énergétique à l'horizon 2030 eu égard aux investissements énormes nécessaires. "Pour assurer une production de 60 à 80 milliards de m3 de gaz, il faudra forer 45.000 puits", a-t-il affirmé à titre illustratif. Le consultant international Mustappha Mekideche qui a présenté une communication sur "la problématique gazière en Algérie" a soutenu que "notre position en 2014 est fragilisée à la fois concernant la production et en tant qu'exportateur de gaz". Selon lui, le gaz naturel en Algérie représente 34% de la consommation d'énergie contre une moyenne de 22%, dans le monde. Il s'agit d'encourager les exportations de gaz vers l'Asie notamment la Chine car actuellement les exportations de gaz de l'Algérie sont destinées à l'Italie (34%) l'Espagne (16%) la France (11%) et la Turquie (6%) alors que la demande en énergie de l'Europe est en déclin en raison de la crise économique qui frappe le Vieux continent, a affirmé cet expert. Pour d'autres observateurs qui citent des prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Algérie a la capacité d'enregistrer une croissance de 130% de sa production gazière à l'horizon 2030. Le volet ressources humaines a été également évoqué lors de ce séminaire et le rôle joué par l'IAP depuis sa création en 1965 a été mis en relief par son premier directeur général Djelloul Baghli. L'IAP a formé depuis son ouverture, 23.000 techniciens supérieurs et ingénieurs dont 5.000 cadres étrangers (Tunisie, Venezuela, Cuba...) au titre de la coopération Sud-Sud, a-t-on indiqué.