Des dizaines de Sahraouis et représentants d'associations françaises de soutien à la cause sahraouie se sont rassemblés, jeudi à Paris, sous une pluie battante, à proximité du Quai d'Orsay, lieu symbolique de la diplomatie française, pour interpeller la France à changer d'attitude sur le conflit du Sahara occidental et soutenir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les manifestants ont ainsi appelé le gouvernement français à faire pression sur le pouvoir marocain pour l'amener à mettre fin à sa politique répressive contre le peuple du Sahara occidental et cesser d'ignorer les droits légitimes du peuple sahraoui, ''sacrifiés au nom de son amitié avec le Maroc''. Arborant des pancartes et exprimant leur vive colère, les manifestants réclamaient la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis incarcérés dans les geôles marocaines, l'arrêt de la répression et l'inclusion dans le mandat de la Mission de l'Onu (Minurso) d'un mécanisme international de protection des droits de l'homme au Sahara occidental occupé illégalement par le Maroc depuis 1975. ''Pas de légitimité aux tribunaux militaires'', ''Une seule solution arrêtez l'occupation'', ''Maroc assassin'', ''Maroc complice'', ''repose en paix chahid, nous poursuivrons la lutte'', criaient les manifestants, brandissant fièrement l'emblème de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Organisée à l'initiative du collectif ''Sortir du colonialisme'', à la faveur de la 9e semaine anticoloniale, dédiée cette année au peuple du Sahara occidental, ce rassemblement coïncide avec la célébration du 38e anniversaire de la création de la RASD (27 février 1976). ''Le collectif Sortir du colonialisme, a choisi d'honorer les Sahraouis et leur République en exil en organisant ce rassemblement et décidé de dénoncer ainsi l'existence de la dernière colonie d'Afrique '', a déclaré à l'APS, Omar Mansour, représentant du Front Polisario en France. Ce rassemblement ''est destiné aussi à attirer l'attention de la France sur la question du Sahara occidental en raison de l'importance du rôle que peut jouer son gouvernement dans le règlement de ce conflit '', a ajouté Omar Mansour. ''Nous estimons qu'il est plus qu'urgent que la France, présidée par un gouvernement de gauche, puisse corriger un certain nombre d'entorses faites par les gouvernements précédents sur ce problème de décolonisation'', a-t-il dit encore. ''Notre souhait aussi est que la France puisse jouer un rôle actif et constructif pour que le conflit du Sahara occidental soit définitivement résolu, conformément à la légalité internationale, et aux résolutions du Conseil de sécurité pour pouvoir enfin organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental '', a-t-il souligné. ''Il est urgent d'agir pour que la question du Sahara occidental trouve enfin une solution définitive fondée sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, tout comme il est urgent aussi de réexaminer les sentences des dizaines de détenus politiques sahraouis condamnés à la suite de procès inéquitables fondés sur des aveux obtenus sous la torture et les mauvais traitements'', a, de son côté, relevé, Henri Pouillot, président du collectif Sortir du colonialisme. Il a ainsi rappelé la plainte déposée par l'Action chrétienne contre la torture (ACAT) et Maître Joseph Breham le 20 février pour que la lumière soit faite sur les tortures subies par Naama Asfari, défenseur des droits de l'homme et militant pour l'autodétermination du Sahara occidental, arrêté la veille des faits qui lui sont rapprochés, et condamné en 2013, à 30 ans de détention par la justice militaire marocaine sur la base d'aveux signés sous la torture. La Secrétaire générale de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (Afaspa) Michelle Decaster, a indiqué quant à elle qu'un pli, comprenant des vidéos sur la découverte de fosses communes au Sahara occidental, sur les répressions de manifestants, ainsi que sur les témoignages d'enfants torturés par la police marocaine, a été déposé par le collectif Sortir du colonialisme, auprès du Quai d'Orsay. ''Ces éléments ont été remis pour qu'il n'ait pas les mêmes échos de ce qui se passe au Sahara occidental que ceux qu'il reçoit exclusivement de l'ambassade de France à Rabat, briefé par l'agence de presse marocaine et le Makhzen'', a-t-elle expliqué, ajoutant que la France ''doit avoir des relations normales avec le Maroc et non pas des relations de complicité, en fermant les yeux sur les atteintes très graves aux droits de l'homme observés au Sahara occidental occupé''. Actuellement, 72 militants sahraouis sont détenus dans les geôles marocaines et des dizaines d'autres sont en liberté provisoire dans l'attente de leur jugement. Ils sont 23 défenseurs des droits de l'homme, à être détenus depuis 2010 à la prison de Salé, suite au violent démantèlement du camp de protestation de Gdeïm Izik , installé dans le désert par plus de 20 000 Sahraouis pour défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux, piétinés par le gouvernement marocain.