Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé la Russie et les Etats-Unis à réactiver les négociations de Genève entre le gouvernement syrien et l'opposition pour faire cesser la guerre en Syrie qui a fait 140.000 morts et rendu près de la moitié de la population déplacée ou réfugiée en trois ans. Selon un communiqué de son porte-parole, M. Ban "appelle les pays de la région et la communauté internationale, et en particulier la Russie et les Etats-Unis en tant que promoteurs de la conférence de Genève sur la Syrie, à prendre des mesures claires pour réactiver le processus de Genève". Les négociations dites de Genève II se sont interrompues après une deuxième session infructueuse et aucune date n'a encore été fixée pour leur reprise, les deux camps n'étant pas d'accord sur l'ordre du jour des travaux proposé par le médiateur international Lakhdar Brahimi. Celui-ci doit rendre compte jeudi de sa mission au Conseil de sécurité de l'ONU. M. Ban lance aussi un appel pressant au gouvernement et à l'opposition syriens à "faire montre de responsabilité, de vision et de souplesse" et leur demande "d'agir dès maintenant pour mettre fin à la tragédie qui se déroule en Syrie". La guerre en Syrie "est désormais la plus grande crise humanitaire et de sécurité dans le monde, avec une violence qui atteint des niveaux impensables", souligne M. Ban, réaffirmant que "seule une solution politique pourra sortir le peuple syrien de son cauchemar". Bachar Al-Assad promet de combattre "les terroristes" Le président syrien, Bachar Al-Assad, a fait part, mercredi, de sa détermination à poursuivre la guerre contre les rebelles, lors d'une rare visite à des personnes déplacées par les combats près de Damas, selon les médias d'Etat. "L'Etat continuera de combattre le terrorisme et les terroristes qui ont déplacé les citoyens de leurs foyers et commis des crimes odieux", a ainsi déclaré M. al Assad, alors que le conflit entre samedi dans sa quatrième année. M. al Assad s'est rendu dans le centre de déplacés d'Al-Doueir dans la localité d'Adra dans la province de Damas, selon la télévision et l'agence de presse SANA. Il a "inspecté la situation des déplacés", "a écouté leurs doléances" et s'est "informé des conditions de leur séjour dans le centre". "L'Etat continuera d'assurer les besoins essentiels des déplacés jusqu'à leur retour dans leurs foyers", a-t-il promis. Plus de 140.000 victimes selon l'OSDH Selon l' Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 140.041 personnes, dont 49.951 civils (7.626 enfants et 5.064 femmes) ont été tuées dans ce conflit opposant les forces régulières syriennes et les rebelles mais devenu complexe avec des combats également entre rebelles et d'autres groupes armés en majorité étrangers. Dans le même temps, au moins un demi-million de personnes ont été blessées, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L'OSDH évoque 17.000 disparus dont le sort reste inconnu et des dizaines de milliers de détenus dans les prisons syriennes. Des ONG font état de "tortures et d'exécutions sommaires" dans les prisons. Un rapport de l'ONU sur les enfants a accusé le gouvernement syrien et l'opposition armée d'avoir commis contre eux de graves abus. Le document détaille une série d'exactions, dont "des tortures et des viols dans les centres de détention de l'armée, l'utilisation d'enfants comme boucliers humains ou le recrutement d'adolescents par l'Armée syrienne libre et des groupes armés kurdes". Situation humanitaire catastrophique Les Nations unies et nombre d'ONG tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur la situation humanitaire qualifiée de "catastrophique" par le CICR, qui exhorte les autorités à laisser passer l'aide humanitaire. Selon l'ONU, la situation a atteint un niveau "critique": 40% des hôpitaux ont été détruits et 20% d'autres ne fonctionnent pas convenablement. La Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme a dénoncé le recours aux sièges des villes et à la famine comme méthode de guerre par le gouvernement dans la dernière mise à jour de son rapport publiée le 5 mars. "Plus de 250.000 personnes sont soumises à un siège (...), régulièrement bombardées par l'artillerie et l'aviation. Elles sont privées d'aide humanitaire, de nourriture, de soins médicaux et doivent choisir entre la famine et la reddition", selon la même source. Selon le Programme alimentaire mondial, quelque 500.000 personnes, vivant dans des zones inaccessibles, ne reçoivent toujours pas l'aide alimentaire dont elles ont besoin. La coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU, qui a visité Damas début janvier, a indiqué que les destructions d'infrastructures avaient affecté les services de base, dont l'approvisionnement en eau, réduit de moitié. Selon des chiffres de l'ONU, près de 2,5 millions de Syriens, dont 1,2 million d'enfants, ont fui leur pays pour se réfugier principalement dans les pays voisins, alors que 6,5 millions ont été déplacés à l'intérieur du pays.