Plus de trois ans après la chute du régime de Maamar El-Gueddafi, le chaos perdure en Libye, théâtre d'attaques et d'assassinats menés par "des groupes terroristes", selon les autorités de transition qui ont déclaré la guerre au terrorisme dans le pays et sollicité le soutien international dans ce sens. Pour la première fois, le gouvernement libyen accuse les "groupes terroristes" d'être responsables des dizaines d'attaques et d'assassinats contre les services de sécurité et les Occidentaux dans l'est du pays: "La nation se trouve dans une confrontation avec des groupes terroristes, et il incombe au gouvernement de mobiliser ses forces militaires et de sécurité pour lutter contre ce fléau", a indiqué le gouvernement dans la nuit de mercredi à jeudi. "Les Libyens doivent se tenir prêts à ce qu'impose une telle bataille en termes de prudence, d'éveil et de sacrifices", a-t-il ajouté dans un communiqué publié sur son site internet appelant la "communauté internationale et les Nations unies en particulier à fournir l'appui nécessaire pour éradiquer le terrorisme dans les villes libyennes". Le gouvernement qui a jusqu'ici échoué à former une police et une armée professionnelles pour ramener la stabilité dans le pays, a insisté qu'"il n'y aura pas de place pour le terrorisme en Libye". Mettre fin à la guerre "le plus tôt possible" Face à la poussée de violences dans le pays, le gouvernement a indiqué aussi dans son communiqué qu'il allait "faire recours dans cette confrontation à la force militaire nationale quelle qu'elle soit", en allusion aux groupes et milices d'ex-rebelles qui avaient combattu les forces de l'ancien régime en 2011. Il a souligné, par ailleurs, "son engagement à mettre fin à cette guerre le plus tôt possible pour préserver des vies", ajoute le communiqué publié à l'issue d'un conseil ministériel tenu à Ghat dans le sud du pays. La réaction du gouvernement intervient deux jours après un attentat à la voiture piégée contre des militaires à Benghazi (est), ayant fait au moins sept morts. Les autorités de transition ont condamné alors un "acte criminel" et "terroriste" et décrété un deuil de trois jours à partir de mardi. Pour le gouvernement, "les villes de Benghazi, Derna (est) et Syrte (centre) et d'autres font face à une guerre terroriste menée par des éléments libyens et étrangers aux programmes hostiles", sans mentionner aucun groupe. En plus de l'insécurité, la situation politique reste très instable en Libye notamment depuis le limogeage du Premier ministre Ali Zeidan après un vote de défiance du Parlement le 12 mars. Depuis l'entrée en fonction de M. Zeidan en novembre 2012, son gouvernement et le Congrès s'accusaient mutuellement des difficultés. Peu après l'éviction de M. Zeidan, le ministre de la Défense Abdallah Al-Theni a été chargé par le parlement d'assurer l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau chef du gouvernement, dans un délai prévu de deux semaines . L'ex-chef du gouvernement avait été critiqué pour ne pas avoir été en mesure de rétablir l'ordre dans le pays et régler la crise autour des sites pétroliers dans l'Est. L'ONU sanctionne l'exportation illégale du pétrole libyen Dans la foulée de ces événements, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution qui sanctionne l'exportation illégale du pétrole libyen. Présenté par les Etats-Unis, le texte, "condamne les tentatives faites pour exporter illicitement du pétrole brut depuis la Libye". Il "autorise les Etats membres à inspecter en haute mer les navires" suspects que Tripoli aura désignés à un comité de l'ONU chargé de surveiller l'application de certains sanctions internationales contre la Libye. Lundi dernier, un pétrolier qui tentait d'emporter du brut acheté illégalement aux rebelles libyens a été saisi par les forces spéciales de la marine américaine en Méditerranée. Il s'agissait du Morning Glory, un navire égyptien battant un pavillon nord-coréen. Ainsi, la première tentative des rebelles autonomistes -des hommes armés qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières - de profiter de leur main-mise sur les terminaux pétroliers du pays s'est soldée ainsi par un échec. Les autonomistes de la Cyrénaïque, partisans d'un système fédéral en Libye, avaient déjà annoncé en août la formation d'un gouvernement local, d'une banque et d'une Compagnie fédérale de pétrole. En suspendant de fait les exportations de brut depuis juillet, ils ont privé le pays de sa principale source de revenus, et provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant.