La commission européenne a appelé le Maroc, dans le cadre du Plan d'action PEV pour la période 2013-2017, à améliorer particulièrement le programme des réformes politiques envisagées dans la nouvelle Constitution, dont le respect des droits de l'homme et celui des migrants. Dans son rapport national par pays au titre de la mise en oeuvre de la Politique européenne de voisinage (PEV), la Commission européenne relève notamment que ''plus de deux ans après son adoption, le bilan de la mise en œuvre des réformes est plutôt limité: sur les 19 lois organiques qui doivent être adoptées pour la mise en oeuvre effective de la nouvelle Constitution, au total cinq ont été adoptées et deux autres sont en cours d'adoption''. Le même rapport précise que ''en matière de liberté de rassemblement, un usage disproportionné de la force a été constatée de la part des forces de police dans certaines manifestations pacifiques envers notamment des mouvements sociaux et de certaines associations de droits de l'Homme''. Et, ''bien qu'elle ait été promise pendant plusieurs mois, la réforme du code de la presse n'a toujours pas été finalisée'', ajoute le rapport de la CE, qui détaille que c'est ''dans un contexte de corruption élevée, (que) le gouvernement travaille à une stratégie nationale qui vise en priorité les secteurs de la police et les services sanitaires''. La CE dit cependant ''enregistrer les progrès accomplis pour renforcer le dispositif législatif contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme''. La CE invite par ailleurs le Maroc, ''sur la base du rapport 2013, et en vue de la mise en oeuvre du nouveau Plan d'action PEV pour la période 2013-2017'', à mettre en oeuvre ''de façon efficace, la réforme de la justice, (...)'', que des ''civils ne soient plus jugés par des tribunaux militaires'', ''la lutte contre toute forme de discrimination'' et la mise en ''oeuvre de la politique de migration et d'asile''. La coordination ''Papiers pour Tous'' composée de plusieurs associations de défense des migrants et des droits des subsahariens, a lancé le 21 mars dernier, coïncidant avec la journée mondiale pour l'élimination de la discrimination raciale, une campagne nationale contre le racisme au Maroc. Intitulée ''matsimiytich Azzi'' (je ne suis pas un nègre), cette campagne s'étalera jusqu'au 20 juin prochain, journée mondiale du réfugié. Cette campagne fait suite à un rapport accablant de ces ONG, dont le GADEM (groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers) et le Conseil des migrants subsahariens au Maroc (CMCM), selon lesquelles les migrants subsahariens sont violentés lors des rafles effectuées par la police marocaine près des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Recommandations Dans ce ''package'' de recommandations de la Commission européenne, les autorités marocaines sont également invitées à ''garantir le respect de l'exercice des libertés d'association, de rassemblement et d'expression pour l'ensemble des citoyens, et notamment adopter le code de la presse en concertation avec tous les acteurs concernés''. En outre, il s'agit, selon la CE, de ''promouvoir activement la contribution de la société civile à l'élaboration, à la mise en oeuvre et à l'évaluation des politiques publiques'', et de renforcer les compétences de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), conformément aux normes internationales''. Sur le terrain trois organisations syndicales, l'union marocaine des travailleurs (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), et la fédération démocratique du travail (FDT) ont annoncé mardi dernier l'organisation d'une marche nationale de protestation le 6 avril prochain à Casablanca si le gouvernement ne reprend pas le dialogue social, interrompu ''sine die'' le 27 avril 2013 par le chef du gouvernement, Abdelilh Benkirane. Les revendications des travailleurs portent notamment sur une réforme du régime des retraites, une hausse des pensions, du SMIG à 3.000 dirhams, le respect des libertés collectives et individuelles, particulièrement la liberté syndicale et le droit de grève. Un ''ras le bol'' des travailleurs au moment où le gouvernement Benkirane a rétabli le système d'indexation des prix des produits pétroliers à la pompe et envisage, face à une inflexion des principaux indicateurs économiques dont une hausse de 7% du déficit du PIB en 2012 et 5 % en 2013, de réformer la caisse de compensation (subvention des prix), défiant les syndicats, qui l'interpellent sur la cherté de la vie.