Les Français ont de nouveau boudé massivement dimanche le deuxième tour des élections municipales avec un taux d'abstention record estimé aux environs de 38%. Du jamais vu sous la Vème République, selon les commentaires de la presse, au moment où la majorité essuie un cinglant camouflet. De plus, une centaine de villes symboliques basculent ainsi à droite, telles que Saint-Etienne, Limoges, Toulouse, La Roche-sur-Yon, Roubaix, Colombes et d'autres encore, considérées jusqu'ici comme des bastions historiques socialistes et qui ont changé de couleur au profit de l'UMP (opposition) ou de ses alliés, mettant fin à plusieurs années d'ancrage à gauche. La gauche perd alors au minimum 155 communes de plus de 9000 habitants, dont des dizaines de villes de plus de 30.000 habitants. Le PS conserve cependant Paris, où Anne Hidalgo deviendra dans quelques jours, première femme élue maire de Paris, garde Strasbourg, et remporte aussi Douai, à droite depuis plus de 30 ans. Une quinzaine de villes tombent par ailleurs aux mains du Front national (FN-extrême droite) de Marine Le Pen. Une première depuis la création du mouvement en 1972. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a admis "l'échec" de son gouvernement et déclaré dimanche dans la soirée du deuxième tour des municipales, que "ce vote tant au plan local qu'au plan national est une défaite pour le gouvernement et pour la majorité". "Le niveau d'abstention record au premier comme au second tour est marqué par la désaffection d'une part significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise à l'APS. "Je pense que nous n'avons pas assez expliqué, que l'action de redressement engagée depuis 2012 était essentielle pour l'avenir de notre pays que la situation de nos finances publiques, de nos entreprises et notamment de notre industrie était particulièrement dégradée et exigeait beaucoup d'efforts et de réformes sous peine de voir la politique de la France dictée par les marchés financiers". L'appel à la mobilisation lancé dimanche dernier par le gouvernement n'a pas été entendu. Le taux d'abstention record de 36,45% établi, il y a une semaine, au premier tour du scrutin, a ainsi été battu, ce dimanche pour avoisiner les 38%, selon les dernières estimations des instituts sondages. Pour Frédéric Dabi, de l'Institut français d'opinion publique (Ifop), 1⁄2les chiffres de l'abstention montrent l'échec de la gauche à remobiliser au second tour». La gauche n'est "pas parvenu à mobiliser ses électeurs abstentionnistes du premier tour", souligne de son côté Gaël Sliman de l'Institut d'étude de marchés et d'opinion (BVA). "La droite, elle, s'est mobilisée et a bénéficié d'excellents reports de voix du Front national (FN-extrême) là où les listes de Marine le Pen (présidente du parti) n'étaient pas présentes au second tour", a-t-il dit. Selon nombre d'observateurs, cette abstention massive intervient de surcroît à l'issue d'une semaine difficile pour la majorité qui a dû encaisser de nouveaux revers, avec le bond du chômage en février qui atteint le chiffre record de 3,34 millions de personnes.