La force africaine en Centrafrique (Misca) a annoncé hier qu'elle considère désormais les miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka comme des «ennemis» et qui seront traités comme tels, ont rapporté des médias. «Désormais, nous considérons les anti-balaka comme des ennemis de la Misca. Et nous les traiterons en conséquence», a déclaré le chef de la Misca, le général congolais Jean-Marie Michel Mokokole dans un entretien à la radio privée centrafricaine Radio Ndeke Luka, après les violences de ces derniers jours à Bangui au cours desquelles les soldats africains ont essuyé des tirs de la part d'anti-balaka. «Ils se permettent de tirer sur des gens qui sont venus ici pour essayer de mettre un terme à cette crise au bénéfice du peuple centrafricain dont ils font partie», a poursuivi le général, ajoutant: «nous les tenons pour responsables des attaques ciblées qui ont visé nos éléments ces derniers jours». Samedi et dimanche, des affrontements ont éclaté au PK-5 entre des groupes armés, opposant notamment des anti-balaka et des pillards à des musulmans encore retranchés dans ce secteur. Cette nouvelle flambée de violences ayant provoqué des ripostes de la Misca et de la force française Sangaris a fait une vingtaine de tués ces derniers jours dans la capitale. Dans la nuit de mardi à mercredi, des tirs sporadiques ont été entendus dans des secteurs de Bangui où sont installés des anti-balaka, qui ont par ailleurs érigé des barricades sur certaines artères de la ville, perturbant la circulation. Près de 2.000 soldats français sont déployés au sein de la force Sangaris en Centrafrique, où ils agissent officiellement «en soutien» des 6.000 hommes de la Misca, pour rétablir un minimum de stabilité dans le pays. La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, s'est alarmée jeudi dernier à Bangui de la «haine entre communautés qui demeure à un niveau terrifiant, notamment contre la communauté musulmane qui se trouve piégée dans plusieurs endroits en Centrafrique». «Environ 15.000 musulmans se trouvent piégés à Bangui et dans d'autres endroits du pays, protégés par les forces internationales, néanmoins dans des situations extrêmement dangereuses et insoutenables», a-t-elle ajouté, au terme d'une visite en Centrafrique. L'ancienne colonie française est livrée au chaos depuis un an et traverse une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés fuyant les violences. Ces violences ont provoqué un exode des musulmans de régions entières du pays. Pour ceux qui restent, la situation est «insupportable», a dénoncé vendredi Peter Bouckaert, directeur Urgences de l'ONG Human Rights Watch.