Les spécialistes ont estimé lundi à Alger, nécessaire de renforcer la prévention pour relever les défis actuels et futurs qui se posent au système de la santé notamment en ce qui a trait à la prise en charge des maladies chroniques qui causent, à elles seules, 70% des décès en Algérie. "Malgré l'évolution de la médecine et l'amélioration de la symptomatologie (diagnostic) et l'utilisation des technologies modernes, l'Algérie n'est toujours pas parvenue à réduire les maladies entraînant la mort ni les facteurs de leur prolifération dont les maladies cardiovasculaires, l'obésité et le diabète", a indiqué le président de la Société algérienne d'hypertension artérielle (SAHA), le Pr. Hacene Chibane, en marge des assises nationales de la santé tenues lundi à Alger. Il a estimé opportun la mise au point d'une politique de la santé qui ciblerait la réduction des facteurs d'aggravation des maladies, soulignant les expériences mondiales qui ont réussi à faire de la prévention un "facteur capital" de l'amélioration de la santé de la population. Pour sa part, le chef du service endocrinologie à l'hôpital de Constantine, le Pr. El Kacem Lazar, a appelé à la prise de mesures "urgentes" pour prendre en charge le diabète et l'obésité et renforcer la sensibilisation à l'importance d'une alimentation saine même à travers les médias. Il a qualifié la situation de "grave" notamment chez l'enfant et l'adolescent qui abusent de repas rapides riches en lipides et sucres à l'origine de l'obésité, citant l'étude réalisée par son service au niveau des collèges et lycées à Constantine révélant un taux de 5% de jeunes atteints d'obésité. Le chef du service pédiatrie à l'établissement hospitalier Hassani Issad de Beni Messous, le Pr. Abdellatif Ben Senoussi, a déploré, quant à lui, l'absence de bilan des programmes de santé et le manque de prévention en particulier au danger du tabagisme qui cause plusieurs maladies mortelles. Il a estimé que les dépenses annuelles de l'Etat algérien par habitant et estimées à 300 dollars étaient "insuffisantes" et ne reflétaient pas les potentialités réelles du pays, rappelant que celles des pays avancés oscillaient entre 4000 et 9000 dollars par habitant. Il a recommandé à ce propos, l'intensification des programmes de vaccination de l'enfant, affirmant que les efforts de l'Etat en matière de lutte contre les maladies infectieuses au lendemain de l'indépendance avaient donné des résultats. Il est du devoir des pouvoirs publics de tracer un programme préventif des maladies chroniques conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), prônant essentiellement la diminution du sel à raison de 30%, la lutte contre le tabagisme et l'encouragement de l'activité physique, a-t-il tenu à faire remarquer. Il a insisté également sur la bonne prise en charge des personnes atteintes d'hypertension et de diabète ou toute autre complication dans le but de réduire de 25% la mortalité causée par les maladies cardiovasculaires à l'horizon 2025. D'autre part, le Pr. Ben Senoussi a souligné les défis auxquels fera face l'Algérie dans les années à venir dont l'augmentation de la natalité qui a avoisiné un million en 2013 et l'augmentation du nombre des personnes âgées estimé à 10% la même année. Il a affirmé enfin, que l'augmentation enregistrée pour la natalité requérait des politiques sociales pour la prise en charge de la scolarité, la santé et le logement au profit des générations futures alors que celle des personnes âgées exigeait des programmes pour le traitement des maladies chroniques et toutes les autres maladies de la vieillesse.