L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde vendredi contre des risques de propagation de l'épidémie d'Ebola, touchant la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, vers les pays voisins, mais a jugé contreproductive toute restriction de voyages. "Nous voulons que les autres pays en Afrique de l'Ouest soient prêts. Je parle des pays voisins comme la Côte d'Ivoire, le Mali, le Sénégal, la Guinée-Bissau", a déclaré le spécialiste d'Ebola à l'OMS, Pierre Formenty, lors d'un point-presse à Genève. Mais, a-t-il souligné, "nous ne cherchons pas à mettre en place des mesures drastiques pour empêcher les gens de voyager" dans la région. "Si nous tentons d'instituer des mesures qui seront perçues par les populations comme étant restrictives, alors nous allons alimenter la transmission de l'épidémie", a-t-il expliqué. Il a jugé préférable de mieux expliquer aux communautés affectées qu'elles devaient changer leur comportement et quelles étaient les mesures à suivre. Selon M. Formenty, les caractéristiques de l'épidémie sont assez identiques dans les trois pays. La très grande majorité des cas sont le résultat de transmissions interhumaines, par contact, notamment lors des soins, mais aussi lors des funérailles, le virus étant très présent sur l'ensemble du corps lors du décès. D'après le bilan communiqué jeudi par l'OMS, la Guinée, d'où est partie l'épidémie et pays le plus touché, le Liberia et la Sierra Leone totalisent depuis le début de l'épidémie en mars 635 cas de fièvre hémorragique (dont un peu plus de la moitié ont été confirmés par des analyses comme étant dus au virus Ebola), dont 399 décès. Jeudi, l'agence onusienne a tiré la sonnette d'alarme face à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave qui ait existé, et convoqué pour les 2 et 3 juillet à Accra (Ghana), une réunion internationale d'urgence avec les ministres de la Santé de 11 pays africains afin d'élaborer un plan complet de riposte. Le virus Ebola, qui provoque des "fièvres hémorragiques", tire son nom d'une rivière du nord de l'actuelle République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% chez l'homme. Il n'y a pas de vaccin homologué contre la fièvre Ebola, qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées.