Le Programme alimentaire mondial (PAM) s'est inquiété mardi du sort de 125.000 Nigérians réfugiés dans le sud-est du Niger, où les éléments du groupe armé Boko Haram ont mené plusieurs attaques ces derniers jours. "Le PAM est particulièrement préoccupé par la violence des attaques au nord du Nigeria qui s'étendent au Niger, obligeant des milliers de personnes à fuir", a indiqué sa porte-parole à Genève Elisabeth Byrs. Elle a souligné "la situation déplorable dans laquelle vivent" ces 125.000 réfugiés, qui ont fui au Niger, dans la région de Diffa, depuis 2013. Les éléments de Boko Haram ont mené depuis vendredi trois attaques d'envergure dans cette région de Diffa, frontalière de l'Etat nigérian de Borno (nord-est), où le groupe armé contrôle désormais des pans entiers de territoire. Suite à ces attaques, le PAM a interrompu temporairement ses distributions dans la zone, a précisé Mme Byrs. "Ces distributions reprendront dès que la situation le permettra", a-t-elle ajouté. Elle ignorait à ce stade si des réfugiés avaient quitté les camps de la région. La majorité de ces 125.000 réfugiés se trouvent dans la région de Diffa qui abrite trois camps, mais "ils sont également dispersés dans plus de 140 localités", selon le PAM. La population de la ville de Diffa, une capitale provinciale, a "déjà doublé" depuis le début du conflit, provoquant "une énorme pression sur la vie des gens et les stocks alimentaires" de ses habitants, déjà confrontés à de multiples sécheresses depuis plusieurs années. "Au Niger, il y a en temps normal 3,4 millions de personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire", dont 1,3 million d'enfants touchés par la malnutrition aiguë. Selon le PAM, "plus de 52% des familles déplacées et d'accueil souffraient fin 2014 de malnutrition sévère". L'assemblée nationale nigérienne a voté lundi à l'unanimité l'engagement de ses troupes au Nigeria pour lutter contre Boko Haram. Niamey compte y envoyer quelque 750 militaires. Le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Bénin se sont mis d'accord samedi pour engager 8.700 hommes - soit 1.200 de plus qu'initialement annoncé - dans une force multinationale contre Boko Haram, alors que le Tchad a déjà lancé ses troupes dans la bataille dans le nord-est du Nigeria.