Près d'une centaine de personnalités du monde des arts et des lettres ainsi que des militantes des droits de la femme ont rendu jeudi à Alger un ultime hommage à la romancière Assia Djebar, décédée la semaine dernière. Drapée de l'emblème national, la dépouille de la défunte, arrivée plus tôt dans l'après-midi à l'aéroport d'Alger, a été accueillie sous les youyous et les applaudissements des présents dans une salle du Palais de la Culture où elle a été exposée pendant plus d'une heure. Dans une ambiance empreinte d'émotion, les présents ont adressé leurs condoléances à la fille de la défunte, Jalila, sa soeur Sakina, son frère Samir et sa mère Baya, centenaire. Des auteures, des cinéastes, des comédiennes et des universitaires étaient présentes à la cérémonie, en plus de plusieurs moudjahidate et de militantes des droits de la femme. En revanche, peu d'écrivains algériens reconnus, dont certains qui avaient rendu hommage à la défunte juste après son décès, ont fait le déplacement. La ministre de la Culture, Nadia Labidi et la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem Si Amer, ont également pris part à l'hommage aux côtés de quelques personnalités politiques, à l'instar de Louiza Hannoune, présidente du Parti des travailleurs ou encore de l'ancien ministre Djamel Ould Abbas. Dans un discours lu en son nom par le poète et écrivain Brahim Seddiki, la ministre de la Culture a salué le legs de la défunte "à la culture nationale et universelle", elle qui était "profondément attachée à sa patrie". D'autres personnes présentes à la cérémonie ont préféré mettre l'accent sur l'influence de l'oeuvre et du parcours de la défunte sur leur propre formation intellectuelle. "Je ne l'ai pas connue personnellement, mais Assia Djebar a marqué toutes les étapes de ma maturité de citoyenne et d'Algérienne", a admis la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi. La cinéaste Fatma Zohra Zaamoum a, de son côté, salué la "pionnière" qu'a été Assia Djebar dans le cinéma comme en littérature, tout en regrettant que l'oeuvre de la romancière n'ait pas été exploitée suffisament, ni "servi d'accélérateur" à l'amélioration de la condition des femmes. En plus d'être écrivaine, universitaire, poète et cinéaste, Assia Djebar était aussi connue pour son engagement dans la défense des libertés, notamment la cause féminine. Après la cérémonie de recueillement, les comédiennes Adila Bendimerad et Linda Benzid ont lu, dans une salle voisine, des extraits de l'oeuvre de la romancière, disparue le 6 février dernier à Paris. Assia Djebar sera inhumée vendredi dans le cimetière de sa ville natale Cherchell, conformément à ses dernières volontés. Née le 30 juin 1936, Assia Djebar, Fatma Zohra Imalhayène de son vrai nom, est considérée comme un des auteurs les plus célèbres et les plus influents du Maghreb et du monde francophone. Egalement cinéaste et auteur de théâtre, elle laisse derrière elle une oeuvre riche et variée pour laquelle elle a reçu pas moins d'une dizaine de distinctions littéraires et cinématographiques internationales. En plus d'avoir été élue à l'Académie française en 2005, Assia Djebar a été décorée des médailles de l'Ordre des arts et des lettres et de la Légion d'honneur de la République Française.