La communauté internationale intensifie ses efforts pour parvenir à une solution politique négociée et inclusive au Yémen à même de mettre un terme au cycle de violence qui touche particulièrement la population civile dont la situation humanitaire est "catastrophique". Le Conseil de sécurité de l'ONU a interpellé le Secrétaire général de l'Organisation, Ban Ki-moon, afin d'organiser une conférence réunissant toutes les parties yéménites en conflit afin de solutionner la crise dans les plus brefs délais, insistant sur le fait que ce dialogue politique doit être un processus mené par les Yéménites. Le Conseil a invité, en ce sens, toutes les parties prenantes à prendre part aux discussions en s'impliquant "sans conditions préalables et de bonne foi", reniant de fait la violence pour aboutir à une solution durable. Pour se faire, l'Envoyé spécial pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, est actuellement sur le terrain (au Yémen) pour consulter toutes les entités et groupes politiques, y compris la société civile et des représentants des femmes et de la jeunesse, afin d'examiner comment reprendre les pourparlers politiques sous l'égide de l'ONU dès que possible", avait annoncé le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric. -Deux conférences pour une solution négociée inclusive- Une réunion regroupant tous les protagonistes est prévue le 17 mai à Ryadh, en Arabie saoudite à l'invitation des pays du Golfe, et le président yéménite en exil Abd-Rabbo Mansour Hadi a souhaité cette semaine que cette rencontre aboutisse. Suite à cette annonce, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a indiqué qu'il tablait sur une reprise rapide de négociations de paix au Yémen sous l'égide de l'ONU, expliquant avoir reçu des assurances de ses homologues de l'Arabie saoudite et du Qatar. "Ils m'ont assuré que la réunion prévue à Ryadh ne sera pas un moyen de supplanter la médiation de l'ONU mais pourrait même aider à la reprise des négociations" sous l'égide des Nations unies, a-t-il déclaré, espérant qu'il y aura très vite une cessation de toutes les hostilités au Yémen et une reprise de ces discussions". Par ailleurs, la conférence souhaitée par le Conseil de sécurité devrait se tenir à Genève, en Suisse, en fonction des résultats de la rencontre de Ryadh, ont affirmé des diplomates, cités par les médias. --Appels au respect de la trêve-- Une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens et de combats meurtriers est entrée en vigueur mardi soir au Yémen, a annoncé la coalition qui combat les rebelles houthis, tout en prévenant qu'elle répliquerait à toute violation du cessez-le-feu proposé par l'Arabie saoudite. Le Conseil de sécurité, ainsi que la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, se sont félicités de cette trêve de cinq jours et ont appelé toutes les parties à la respecter. Cette trêve "devrait permettre aux agences humanitaires et à leurs partenaires d'accroître la livraison de l'assistance humanitaire dont les gens ont désespérément besoin", a dit Mme Amos, soulignant qu'"il est crucial que l'assistance humanitaire ne soit pas politisée." Selon le Conseil de sécurité, cette trêve ne pourra être un succès que si "toutes les parties suspendent de manière transparente et fiable leurs opérations militaires". De son côté, un porte-parole du département d'Etat américain, Jeff Rathke a exhorté "toutes les parties à continuer à (...) remplir leur engagement à la retenue". Quant à Médecins sans frontières (MSF), sa représentante au Yémen, Marie-Elisabeth Ingres a indiqué que l'ONG veut "profiter de la trêve qui semble effective" pour élargir ses interventions dans le pays. La situation est "catastrophique" car le Yémen "manque de tout", explique pour sa part Dominique Burgeon, expert des situations d'urgence à l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Pour s'assurer que la trêve est respectée, M. Ould Cheikh était actuellement dans le pays pour soutenir les efforts des agences humanitaires de l'ONU. --La coalition accuse les rebelles de violation de la trêve-- Jeudi matin, la coalition menée par l'Arabie saoudite a indiqué que "les milices houthies ont violé la trêve", qui fait état de 12 cas de violation du cessez-le-feu le long de la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen et au Yémen même. Elle a aussi évoqué le "meurtre d'un grand nombre d'enfants et de femmes" dans la province de Taëz, et des mouvements rebelles dans la province de Chabwa. La coalition qui avait auparavant prévenu les Houthis qu'elle reprendrait ses raids aériens en cas de violation du cessez-le-feu a toutefois réaffirmé "son plein attachement" à la trêve humanitaire et affirmé adopter une attitude de "retenue". La trêve humanitaire est entrée en vigueur mardi à 23H00 (20H00 GMT) à l'initiative de l'Arabie saoudite, qui a pris le 26 mars la tête d'une coalition contre les rebelles houthis. Au moins 1.578 personnes ont été tuées et 6.504 blessées depuis lors, selon un nouveau bilan établi au 9 mai et communiquée mercredi par l'Organisation mondiale de la Santé.