Les Espagnols se rendront dimanche aux urnes pour des élections autonomes et municipales, avant les législatives de fin d'année, en vue de renouveler les membres des conseils municipaux et de conseils régionaux du pays. Environ 34,5 millions d'électeurs sont ainsi appelés à renouveler les 8.116 conseils municipaux. Parallèlement, 19 millions d'électeurs devront renouveler les assemblées de 15 conseils régionaux. Ces élections municipales permettront de donner un aperçu sur l'état actuel de la vie politique espagnole et du futur paysage dans ce pays. Ce scrutin intervient en effet dans une conjoncture délicate marquée par la crise économique qu'avait connue l'Espagne et surtout par l'apparition de nouveaux jeunes partis politiques "Podemos" et Ciudadanos qui peuvent bousculer la donne dimanche, et ce à l'approche de la tenue des élections législatives prévues en fin d'année. Malgré un discours de satisfaction sur la reprise économique et la baisse du chômage, le parti au pouvoir depuis décembre 2011 "Parti populaire" (PP), que préside Mariano Rajoy, entre dans cette course affecté par la politique d'austérité adoptée entre 2011 et 2013, dont les effets se font encore sentir au niveau des revenus et des salaires. Selon les derniers sondages, le recul du PP devrait être très fort, même dans ses bastions historiques. A Madrid par exemple, où les Populaires avaient obtenu 51 pc des voix en 2011, le parti pourrait perdre 15 points. Dans la Communauté de Valence, la chute pourrait atteindre 18 points de 49 pc à 31 pc alors qu'en Estrémadure, en Aragon et en Castille et Léon, la chute serait de 13 points et à Castille-La Manche et dans la Rioja, de dix points. Pour sa part, le principal parti de l'opposition, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez devrait lui aussi subir un net recul dans certaines régions et pourrait maintenir toutefois ses positions dans certains de ses bastions, notamment dans les Asturies (Nord-ouest). Montée en puissance des partis "PODEMOS" et "Ciudadanos" Le scrutin de dimanche sera marqué pour la première fois par l'entrée en lice du parti de gauche issu du mouvement des "indignés", PODEMOS (nous pouvons), qui a vu sa cote de popularité reculer depuis mars dernier, en passant de 26 pc d'intentions de vote à 18 pc. Ce recul s'explique notamment par la percée du jeune parti "Ciudadanos" (citoyens), créé en Catalogne par Albert Rivera. "Podemos pourrait arriver deuxième en Aragon (nord) et aux Asturies (nord-ouest) et essayer de gouverner ces régions", estime Pablo Simon, professeur de sciences politiques à l'université Carlos III. "En Navarre (nord), il pourrait même arriver en tête. Ces petites régions pourraient être les premières où de nouveaux partis auraient la possibilité de gouverner". Autre parti, Ciudadanos, depuis le début de l'année, il se définit comme un parti centriste libéral luttant contre la corruption des élites politiques. Le parti s'est nettement imposé comme une force nationale, atteignant dans les sondages entre 15 et 20 pc des intentions de vote, devant le parti de la gauche Unie et l'Union pour le progrès et la démocratie "UPyD". Rarement des élections régionales et locales n'ont été entourées d'autant de suspense en Espagne. Ainsi en absence de majorité claire dans les régions, les observateurs et analystes s'attendent à des journées d'incertitude après les élections, d'autant plus que les partis vainqueurs devront former des alliances avec Podemos ou Ciudadanos pour pouvoir gouverner dans certaines régions comme Madrid, ou encore Valence, et Estrémadure.