Podemos, la formation de gauche, créée il y a à peine un an dans la lignée du mouvement des Indignés, a réussi une entrée politique en Andalousie, la région la plus peuplée d'Espagne (8,4 millions d'habitants). L'alliée au grec Syriza qui a fait un bon score aux européennes de mai 2014 (1,2 million de voix, cinq eurodéputés), est arrivé troisième derrière les deux principaux partis, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) qui règne depuis trente-trois ans en maître et le Parti populaire (PP) qui ont obtenu respectivement 27 et 35,5% des suffrages. Avec les 15% des suffrages aux élections au parlement régional qu'il a obtenus, soit 15 des 109 sièges, il a réussi aussi à mettre fin au traditionnel bipartisme entre le Parti populaire de droite et le Parti socialiste. Ciudadanos (Citoyens), un parti créé il y a huit ans comme une force antinationaliste catalane, de centre droit, a obtenu 9% des suffrages. Soit 10 fois le score qu'il a réalisé en Andalousie lors des dernières élections européennes. « Le peuple andalou a dit qu'il voulait un changement, mais un changement sensé (...) ouvert au dialogue et opposé au sectarisme », déclare Albert Rivera, son secrétaire général. « Contrairement aux autres partis qui représentent le changement, nous ne considérons aucun parti comme un ennemi, ni le PP, ni le PSOE, ni Podemos, mais le chômage et la corruption », dit-il. Troisième force politique lors du dernier scrutin régional, les écolo-communistes de la Gauche unie ont été relégués à la cinquième position, avec en sus une perte de sept sièges. Enregistrant une nette baisse par rapport aux élections de mars 2012 (39,6% des voix et 47 sièges), le PSOE resterait loin de la majorité absolue (55 sièges). Pour gouverner, il devra nouer des alliances. Ce scrutin qui sera suivi de plusieurs autres (régionales et municipales en mai, une nouvelle régionale anticipée en Catalogne en septembreet des législatives à la fin de l'année) pourrait être le prélude à un changement de la carte politique d'un pays secoué par six ans de crise et un taux de chômage alarmant (23,7%). En campagne électorale, un mot, le« changement », a rythmé les discours.