Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a assuré, lundi, que Sonatrach allait avoir une autonomie de gestion, en affirmant que ce groupe pétrolier national n'aura plus à subir l'ingérence du politique dans la prise des décisions techniques. "Il est temps pour les entreprises économiques d'avoir une autonomie de gestion et de prise de décision technique (...). Il n'y aura plus d'ingérence dans la gestion de Sonatrach, qui doit être du ressort des seuls cadres du groupe", a déclaré M. Sellal lors d'une rencontre avec les cadres du secteur de l'énergie, ajoutant que les décisions politiques relatives au domaine de ‘énergie reviennent au ministre chargé de ce secteur qui applique le programme du Président de la République. Dans le même sillage, M. Sellal est revenu sur les choix d'investissement du groupe Sonatrach qui doit, désormais, a-t-il expliqué, se concentrer sur ses métiers de base que sont l'exploration et la production des hydrocarbures. "Sonatrach doit s'investir dans son domaine de compétence et éviter la dispersion. Il en est de même pour Sonelgaz", a-t-il dit à ce propos, qualifiant les investissements de Sonatrach hors de ses domaines de compétences de "dérives qui doivent cesser". Le Premier ministre a fait savoir, à ce titre, que des instructions avaient été données dans ce sens au nouveau P-dg de Sonatrach, Amine Maazouzi, pour mettre en oeuvre cette nouvelle orientation des pouvoirs publics. M. Sellal a soutenu que la priorité en matière d'investissements sera accordée aux projets à l'intérieur du pays sans, toutefois, écarter la possibilité d'investir à l'international si les opportunités s'avèrent rentables. Par ailleurs, il a avisé que l'Algérie est confrontée à une "situation délicate" du fait de la baisse des prix mondiaux de pétrole qui risque de s'étaler dans le temps, mais que le pays dispose d'une marge de manoeuvre que d'autres pays n'ont pas mais qui ne l'exonère pas de la nécessité d'opérer la mue de l'économie vers la production et la création de richesses. Chiffres à l'appui, le chef de l'exécutif a affirmé que les réserves de change de l'Algérie lui permettent de tenir jusqu'à 2019 même si les prix de pétrole évoluent entre 50 et 60 dollars le baril. "Avec un baril à 60 dollars, nous disposerons de 38 milliards de dollars de réserves de change en 2019, et avec un baril à 50 dollars nous n'aurons que 9 milliards de dollars", a-t-il avancé en s'appuyant sur des projections officielles. Mais il a tenu à préciser que son gouvernement a pris des "décisions courageuses" pour ne pas avoir à choisir la voie de recourir, à outrance, aux avoirs extérieurs pour financer l'économie. Face à cette situation, le gouvernement a pris certaines ''mesures d'ajustement" portant sur la rationalisation des dépenses budgétaires, le report de projets d'investissements non prioritaires et le recours au marché financier et bancaire pour le financement de certains projets publics économiques. "L'équation qui se pose à nous est simple: faire traverser au navire Algérie cette zone de turbulence et engager en même temps de façon résolue et irréversible la diversification de notre économie et son indépendance vis-à-vis des hydrocarbures", a-t-il indiqué. Pour cela, le gouvernement s'appuie sur les leviers de soutien à l'investissement productif, d'amélioration du climat des affaires, d'accélération de réformes structurelles, de la rationalisation de la dépense publique mais aussi de lutte contre toutes les formes de gaspillage, a-t-il enchaîné. Selon M. Sellal, la réduction des dépenses publiques ne va se traduire par une hausse des prix des carburants dont le montant de subvention augmente d'année en année du fait de l'explosion de la consommation due à l'expansion du parc automobile. "Il y a un gaspillage dans la consommation des carburants mais aussi une contrebande de carburant, mais nous n'allons pas augmenter les prix qui sont un acquis social", a-t-il encore affirmé. Abordant l'assainissement des activités commerciales, le Premier ministre a tenu à expliquer d'emblée que les mesures prises par le gouvernement dans ce sens visaient à réduire les importations et à lutter contre les transferts illicites de devises. A ce sujet, il a annoncé un ajustement du crédit documentaire dans la loi de finances complémentaire 2015. Selon lui, ce moyen de payement des importations, qui permet le transfert du montant de la facture de l'importation avant même la réception de la marchandise, a facilité aux fraudeurs et aux "pseudo importateurs" le transfert de sommes importantes de devises vers l'étranger.