L'avenir du prochain gouvernement palestinien pourrait se décider sous peu, et le Comité exécutif de l'OLP, qui se réunit lundi doit s'attendre à l'opposition farouche du Hamas qui rejette d'ores et déjà un exécutif soutenant les propositions du quartette dont la reconnaissance de l'Etat d'Israël. La formation d'un nouveau gouvernement pose la question de la place qui y serait faite au Mouvement de résistance palestinien (Hamas), une question à laquelle l'atmosphère actuelle ne permet pas d'y répondre avant les délibérations du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le président palestinien Mahmoud Abbas a récemment déclaré lors d'une rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui vient d'achever une tournée dans la région, que les membres du nouveau gouvernement palestinien devraient reconnaître Israël, ce qui exclut de fait le Hamas. Cela n'exclut pas en revanche la participation de membres du Hamas qui adhéreraient à titre individuel à ces principes, selon une source diplomatique. Le président Abbas souhaiterait remplacer son exécutif qui vient de remettre sa démission, par un gouvernement de politiques. "Le président Abbas m'a dit qu'il essayait de construire un gouvernement d'union nationale", a dit le chef de la diplomatie française après avoir rencontré à l'occasion M. Abbas à Ramallah. "Il m'a précisé que dans ce gouvernement d'union nationale ne pourraient siéger que des femmes et des hommes qui reconnaissent Israël, qui renoncent à la violence et qui sont en accord avec les principes du quartette" pour le Proche-Orient (Nations unies, Union européenne, Etats-Unis et Russie), a dit M. Fabius. Le Hamas qui rejette la formation unilatérale, ne veut pas entendre d'un exécutif formé sans coordination ni consultation avec lui et avec les factions palestiniennes. Le porte-parole du Mouvement, Samy Abou Zahri, a déclaré récemment que "pour nous (membres du Hamas) tout gouvernement adhérant aux conditions de la quartette ou d'autres initiatives politiques non-consensuelles n'a rien à voir avec l'accord de réconciliation (entre Palestiniens)". Jamais sans Ghaza L'OLP a rappelé par la voix d'un de ses membres, Wassil Abou Youcef, que ses principes d'unité sont plus que jamais maintenus. "Il y aura jamais d'Etat palestinien sans Ghaza et la Cisjordanie avec El-Qods comme capitale", a-t-il déclaré, mettant en garde contre tout projet visant la séparation de la bande de Ghaza du reste des territoires palestiniens. M. Abou Youcef a invité les Palestiniens préserver le projet national palestinien et à ne marchander en aucun cas les principes de l'OLP qui consistent en un retour sans condition des réfugiés, le droit à l'autodétermination, la libération de tous les prisonniers palestiniens et la proclamation de l'Etat palestinien avec El-Qods comme capitale éternelle, contre la levée de l'embargo ou encore une trêve durable. Efforts français pour relancer le processus de paix Reprendre les pourparlers israélo-palestiniens interrompus depuis plus d'un an sous une égide internationale (Ligue arabe, Union européenne, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU) et dans un calendrier précis: telle est l'ossature du projet qu'a présenté par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui vient d'effectuer une tournée au Proche Orient pour promouvoir une initiative française de relance d'un processus de paix israélo-palestinien. A Washington, le porte-parole du département d'Etat John Kirby a indiqué que MM. Kerry et Fabius s'étaient parlés au téléphone et "partageaient le même sentiment quant à l'importance du processus de paix au Proche-Orient". Mais une résolution palestinienne présentée au Conseil de sécurité de l'ONU, soutenue par la France, et qui prévoyait un accord de paix dans les 12 mois ainsi que le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017, a échoué fin décembre. Depuis, Paris a repris des consultations à l'ONU pour pousser une nouvelle résolution prévoyant une reprise des négociations sur la base des paramètres permettant la solution des deux Etats, un accompagnement international et un calendrier encadrant le processus. Le chef de la diplomatie française s'est défendu de vouloir imposer une solution aux Palestiniens et aux Israéliens sans leur accord. Paris ne se berce pas d'illusions sur les résultats de cette tournée, la quatrième dans la région depuis 2012, en Egypte, Jordanie, Territoires palestiniens et Israël. "Personne ne peut dire s'il y aura un résultat positif", a prévenu M. Fabius devant l'Assemblée nationale, en martelant qu'il fallait agir "face à un drame qui peut déboucher chaque jour sur un embrasement".