Sévèrement condamné dans un récent rapport onusien pour ses "crimes de guerre" commis dans la bande de Ghaza en 2014, Israël a lancé une campagne diplomatique pour faire échouer l'adoption du document à l'ONU, alors que les Palestiniens sont déterminés à saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour ouvrir une enquête criminelle sur les violations israéliennes. Dans son rapport rendu public lundi, la commission d'enquête indépendante du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a indiqué" avoir réuni "des informations substantielles mettant en évidence de possibles crimes de guerre commis par Israël" lors des agressions contre la bande de Ghaza du 7 juillet au 26 août en 2014. Plus de 2.200 Palestiniens, dont une majorité de civils, avaient été tués lors des raids aériens sans relâche lancés par l'aviation israélienne contre Ghaza ayant duré une cinquantaine de jours. "L'étendue des dévastations et de la souffrance humaine provoquée à Ghaza est sans précédent", a dénoncé la présidente de la commission onusienne, Mary McGowan Davis au moment de publier son rapport. La commission condamne notamment l'"usage intensif" par l'armée israélienne "d'armes conçues pour tuer et blesser sur un large périmètre", estimant que "leur utilisation dans des zones densément peuplées a rendu hautement probable la mort indiscriminée de civils et combattants". Les enquêteurs ont souligné que 142 familles ont perdu aux moins trois de leurs membres dans ce type de frappes qui ont tué entre autres quelque 551 enfants. Ce document de 183 pages sera débattu le 29 juin devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et s'il est adopté, il sera soumis à l'Assemblée générale de Nations unies ou il sera demandé au secrétaire général Ban Ki-moon de superviser sa mise en œuvre. Israël tente d'éviter l'adoption à l'ONU du rapport L'occupant israélien craint notamment que les Palestiniens ne se servent de ce rapport pour porter le cas (d'Israël) devant la Cour pénale internationale (CPI) et ouvrir ainsi la voie à des poursuites contre les dirigeant de l'Etat hébreu. Mardi, le quotidien israélien Yediot Aharonot a rapporté qu'Israël a lancé une nouvelle campagne diplomatique pour torpiller l'initiative de la majorité arabe au sein du Conseil de droits de l'Homme de l'ONU visant à voter sur l'adoption officiel au Conseil des droits de l'Homme du rapport onusien. Selon le journal, les dirigeants israéliens s'attendent à un vote en faveur du rapport dans les prochains jours au Conseil, où les pays arabes bénéficient d'une large symptahie. Des diplomates israéliens ont entamé, d'après la même source, des discussions dans les coulisses avec des membres influents au Conseil des droits de l'Homme pour faire avorter l'adoption du rapport. Le quotidien a ajouté qu'une campagne de propagande est également envisagée pour laver l'armée israélienne de toute accusation en montrant que la guerre qu'elle avait menée dans l'enclave palestinienne était "conforme aux standards internationaux". Les Palestiniens saisiront jeudi la CPI Près d'un an après la campagne militaire israélienne contre Ghaza, les Palestiniens ont affirmé qu'il soumettraient jeudi leur premier dossier à la Cour pénale internationale visant à ouvrir une enquête criminelle sur les crimes de guerre israéliens. Ce dossier qui sera remis à la procureur Fatou Bensouda le 25 juin, selon Ammar Hijazi, un officiel des Affaires étrangères palestiniennes, fournira à la procureur des éléments de contexte ou de statistique sur l'occupation, la colonisation, les détentions arbitraires ou la légèreté avec laquelle Israël ôte la vie à des Palestiniens, pour la convaincre d'ouvrir "le plus vite possible" une enquête. Il ne portera pas sur des faits précis, les Palestiniens se réservant cette éventualité pour plus tard en fonction de la décision de la procureur, d'après le responsable palestinien. Il a précisé que le dossier qui lui sera remis "sera purement général, purement statistique, mais il dresse un tableau sinistre des agissements d'Israël et des raisons pour lesquelles nous pensons que la procureur a des motifs raisonnables, au regard du Statut (de Rome, établissant la CPI), d'ouvrir des investigations". L'examen préliminaire de la procureur a été ouvert indépendamment de l'adhésion concomitante de la Palestine à la CPI, chargée de poursuivre les crimes les plus graves contre le droit international.