Jusqu'à un millier d'enfants-soldats ont été recrutés de force lors des dernières violences en date du conflit qui perdure depuis dix-huit mois au Soudan du Sud, rapporte jeudi un rapport de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) médiatrice dans le conflit. Des troupes rebelles ont enlevé début juin des enfants d'à peine 13 ans, dans les villages de Kodok et Wau Shilluk qui se situent dans l'Etat du Haut-Nil (nord), selon le rapport, mettant en cause le chef d'une milice locale, Johnson Olony, un ex-général du camp gouvernemental passé à la rébellion en mai, et connu pour avoir enrôlé de force des enfants dans le passé. Le général Olony "a organisé les recrutements sous la contrainte d'environ 500 à 1.000 jeunes, dont de nombreux enfants âgés de 13 à 17 ans (...) qui ont été emmenés dans des camps d'entraînement", précise le rapport. L'Unicef estimait avant ces dernières informations qu'au moins 13.000 enfants-soldats combattent dans le pays. Elle a affirmé la semaine dernière que les forces du président Salva Kiir et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, qui s'affrontent ont perpétré des crimes atroces contre des enfants. Les récents actes de violences comprennent des émasculations, des viols, les combattants ligotant parfois des enfants entre eux avant de leur trancher la gorge ou de les jeter dans des bâtiments en feu. Le rapport de l'Igad ajoute par ailleurs qu'en mai, les forces gouvernementales ont délibérément ouvert le feu sur quelque 30.000 civils réfugiés sur une base de maintien de la paix de l'ONU, dans la capitale de l'Etat du Haut-Nil, Malakal. "Il est évident que cette attaque a été menée d'une façon délibérée et prolongée", selon la même source qui ajoute qu'il n'y avait "aucune preuve" de la présence de forces d'opposition dans la zone. "Il est manifeste que les tirs des forces gouvernementales ont été effectués au mépris total de la sécurité des civils", a ajouté l'Igad. L'organisation est-africaine avertit que "les commandants militaires à tous les niveaux sont tenus pour responsables de la conduite des forces sous leur commandement". Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats alimentés par une rivalité entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Des milliers de personnes sont mortes, un demi-million de civils ont dû fuir les violences, et l'ONU a fait état de nombreuses atrocités, dont des crimes de guerre, imputables aux deux camps. L'Igad, bloc de sept pays est-africains, assure la médiation dans les pourparlers en cours entre les belligérants à Addis Abeba, siège de l'Union africaine (UA), pour tenter d'obtenir, jusqu'ici sans succès, un cessez-le-feu.