Le conflit syrien a dominé la 70e Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies dont les travaux se poursuivaient mardi à New York à travers les interventions des chefs d'Etat et de gouvernement, qui ont multiplié les appels pour trouver des solutions au conflit en Syrie et éradiquer le terrorisme dans ce pays. La question syrienne a notamment dominé les discours des présidents russe, Vladimir Poutine, et américain, Barack Obama, qui ont eu des points de vue divergeant sur certains aspects du conflit syrien mais ayant insisté sur l'intensification des efforts et de la coopération pour éradiquer le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) en Syrie et en Irak. Le conflit syrien a été aggravé par la poussée sans précédent de groupes terroristes et radicaux, principalement l'EI/Daech, qui contrôle de grandes parties du territoire syrien et de l'Irak frontalier et commis des atrocités particulièrement spectaculaires, notamment les décapitations, les viols et la destruction de monuments appartenant au patrimoine de l'Humanité. Plus de 240.000 personnes sont mortes et des millions d'autres ont fui leurs foyers depuis le début du conflit en mars 2011. Poutine: Al-Assad est la seule autorité légitime A la même occasion, le président Poutine a déclaré que Bechar al-Assad représente un gouvernement légitime avec lequel il faut accepter de coopérer et éviter par le même de tomber dans une "énorme erreur". "Nous devons reconnaître que personne d'autre que les forces armées du président (syrien) ne combat réellement l'Etat islamique", a lancé le chef du Kremlin. "J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays". Même si les points de vue entre russes et occidentaux étaient différents sur les voies d'aboutir à une issue au le conflit et le processus de transition politique, les observateurs ont noté une "volonté partagée" de trouver des réponses face à la guerre en Syrie, qui a provoqué une crise migratoire sans précédent. MM. Poutine et Obama ont, dans ce contexte, souligné la nécessité de communiquer au niveau militaire pour éviter d'éventuels conflits entre eux dans la région. Consensus sur le renforcement de la lutte contre Daech Le président russe, qui a appelé à partir de la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu à créer une "large coalition anti-terroriste" pour lutter contre Daech en Syrie et en Irak, s'est entretenu pendant une heure et demie dans la soirée avec son homologue américain, qualifiant cette première rencontre officielle depuis plus de deux ans de "constructive et étonnamment ouverte". "Nous avons compris que notre travail commun doit être renforcé. Nous réfléchissons désormais à la mise en place de mécanismes appropriés", a affirmé le président russe. "Des discussions entre les ministères de la Défense, d'un côté, et entre les ministères des Affaires étrangères, de l'autre côté, vont avoir lieu pour "rendre notre objectif commun (...), la destruction de l'organisation Etat islamique (EI), plus réalisable", a précisé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov dans une interview accordée à la télévision russe. "Tous ceux qui affrontent l'EI, qui détestent l'EI, doivent coordonner leurs actions", a poursuivi le ministre, tout en écartant l'idée d'un "commandement unique". Si le président russe n'a pas exclu des frappes par son aviation, il a écarté l'envoi de troupes au sol pour lutter contre les terroristes de l'EI, mettant plutôt en avant sa volonté "d'aider davantage l'armée syrienne". Barack Obama a pour sa part reconnu que "les Etats-Unis (étaient) prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l'Iran". Washington ainsi qu'une soixantaine de pays européens et arabes pilotent depuis un an une coalition militaire qui frappe des bastions de l'EI en Syrie et en Irak. Mais toutes ces opérations militaires n'ont pas empêché l'organisation terroriste de fortifier ses positions, ni ruiné son pouvoir d'attraction. Par ailleurs, la Russie a proposé lundi au Conseil de sécurité une résolution soutenant une coalition politique et militaire. Celle-ci devrait inclure également l'Iran et le régime syrien, a précisé l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine. (Par Ali KEFSI)