Des appels à instaurer la paix et à combattre les violences en Libye, pays en proie à une crise politique et sécuritaire, ont été lancés dans le pays au moment où les efforts diplomatiques se poursuivent pour un règlement de la crise par le dialogue. Le Conseil des Sages et des notables dans la ville de Mesrata a ainsi appelé, mercredi, les villes et tribues libyennes à "instaurer la paix et à combattre la criminalité", ajoutant qu'il "oeuvre pour la réconciliation et l'entente entre les parties libyennes". Le conseil a appelé aussi à assurer la sécurité et la protection des axes routiers dont celui déservant l'ouest de la capitale Tripoli "des actes criminels". La Libye est en proie aux violences depuis la chute de l'ancien régime de Maamar el Gueddafi en 2011 et deux autorités politiques se disputent le pouvoir depuis 2014, celle de Tripoli et l'autre, la seule reconnue internationalement, basée dans l'Est. Dernier acte des violences en date, un hélicoptère s'est écrasé mardi près de Zawia, à environ 45km à l'ouest de Tripoli, entraînant la mort de 14 personnes se trouvant à bord, selon le porte parole de la coalition de milices Fajr Libya, Ali Al Chikhi. La même source a indiqué que "l'hélicoptère a été la cible de tirs au dessus de la ville d'El Maya près de Zawia, dans l'ouest de Tripoli". L'agence de presse libyenne Lana a indiqué que l'appareil pourrait avoir transporté plusieurs chefs de la coalition de milices Fajr Libya (Aube de la Libye), dont Hussein Abou Dayya, commandant des milices de l'ouest de la Libye, et le chef de la milice Chouhada al-Zawia, Souheib el-Rammah. Poursuite des efforts diplomatiques Les efforts diplomatiques se poursuivent en dépit de la multiplication des violences en Libye qui reste plongée dans le chaos depuis la chute de l'ancien régime, et le rejet d'une solution onusienne par les antagonistes de la crise. En Libye, des membres du Congrès général national (CGN, parlement sortant), basé à Tripoli, sont actuellement en concertations avec des membres du parlement (basé à Tobrouk) en vue d'une réunion directe entre représentants des deux parties pour entamer des séances de dialogue inter-libyen, sans immixion voire assistance internationale, avait annoncé mardi un ancien député du CGN, Abdelkader Heouili. "Les premières rencontres de dialogue entre membres des deux parties ont été tenues en Tunisie", avait-il précisé, révélant à la presse que "la tendance générale" au sein du CGN (basé à Tripoli) "soutient le dialogue inter-libyen mais refuse les résultats du dernier dialogue parainé par la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL/MANUL)". Agacement du représentant de l'ONU Le représentant spécial du secrétaire général pour la Libye, Bernardino Leon, a prévenu récement les parties prenantes libyennes qui se montrent intransigeantes qu'elles ne pourront pas détourner le processus de dialogue politique actuel. "Je suis ici aujourd'hui pour insister sur le fait que le processus se poursuit et qu'il n'y a aucune chance pour que des petits groupes ou des personnalités détournent ce processus", a dit M. Leon devant la presse à Tunis au siège de la mission des Nations unies dans ce pays (UNSMIL). "Une majorité de Libyens veut une solution politique. Ils ne veulent plus de nouveaux affrontements. Le peuple libyen est celui qui souffre des conséquences de ces affrontements et la responsabilité des acteurs libyens impliqués dans ce processus et de la communauté internationale et des Nations Unies qui les soutiennent est avant tout de répondre à ces Libyens qui souffrent", a-t-il martelé. Bernardino Leon avait mené des négociations depuis plusieurs mois avec des représentants des deux autorités et d'autres parties libyennes et il était parvenu à leur arracher début octobre un accord sur un gouvernement d'union nationale pour sortir le pays du chaos. Cet accord, qui désigne un Premier ministre (Fayez el-Sarraj) et 17 ministres, devait toutefois être entériné par les deux Parlements parallèles pour pouvoir entrer en vigueur. L'ONU de son côté a confirmé la poursuite des négociations pour tenter de sortir la Libye du chaos après le rejet par plusieurs parties libyennes du plan de paix des Nations unies, en clamant qu'il n'existait aucune autre "alternative". "Le dialogue continue. Très bientôt nous espérons que le gouvernement proposé sera à Tripoli (...). Le processus est vivant et il y aura une solution politique pour la Libye", a insisté l'émissaire onusien Léon, annonçant que de nouvelles réunions auraient lieu dans les prochains jours. Le Conseil de sécurité avait de son côté averti de sanctionner "ceux qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de la Libye ou cherchent à empêcher la réalisation de la transition politique". Des sanctions pourraient prendre la forme d'interdictions de voyage ou de mesures concernant des comptes bancaires. "Il est temps maintenant pour les parties participant au dialogue politique d'approuver la proposition et de signer l'accord sans délai", avait exhorté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. "Ce que nous voyons aujourd'hui en Libye, c'est un petit groupe de personnes, des durs des deux camps et des personnalités qui décident d'utiliser leur pouvoir pour empêcher, dans ce cas, un vote démocratique", a regretté de son côté M.Leon.