Le chanteur palestinien Alaâ Azzam a instillé, vendredi soir à Constantine au cours de la 7ème soirée du festival international du malouf, beaucoup d'émotion grâce à une magie parolière où la Palestine meurtrie était dans tous les coeurs. Se produisant pour la première fois en Algérie, l'artiste a entamé son programme avec "Mich A'aref", une chanson patriotique qui rappelle le vécu douloureux des palestiniens, et porte le cri de révolte des opprimés, le tout entrecoupé de salves d'applaudissements nourris. Alaâ, également auteur et compositeur, enchaîne avec "Ma bininsa" pour évoquer une nouvelle fois son peuple, ses souffrances, mais aussi sa résistance héroïque, devant une assistance souvent très émue. Changement de registre, Alaâ, à la voix profonde et puissante, revisite le patrimoine musical palestinien pour interpréter "A'rji'i ya alfa leila", "Ya rayeh ila Cham", "Ah ya hilou", dans une ambiance euphorique. A la demande du public, Alaâ chante "Mountassiba la kamati" du poète Samih Al Kacem, un morceau rendu célèbre par le grand artiste Libanais Marcel Khalifa. Dès les premières notes, l'assistance se lève spontanément et se met à accompagner le chanteur , comme pour dire haut et fort le soutien des Algériens à la cause palestinienne. Après le spectacle Alaâ a fait part à l'APS de sa joie de se retrouver en Algérie : "l'appui des Algériens, je le ressens tout au fond de moi , cela fait chaud au coeur et c'est très rassurant". Il est également revenu sur "la résistance culturelle et intellectuelle" que beaucoup d'artistes palestiniens s'appliquent à exercer pour "déjouer toutes les tentatives d'acculturation". Auparavant, le Jordanien Aymen Tayssir a offert au public constantinois une soirée Tarab, tout en émotion poétique et musicale, en reprenant des chefs-d'oeuvre du patrimoine arabe. Accompagné de musiciens dont le talent, la virtuosité et la maîtrise ont enchanté l'assistance, Aymen a entamé sa prestation avec le mouachah "Ya chadi alalhan". Sa voix sublime et son application ont subjugué le public. Décontracté, l'artiste entonne "Zarani al mahboub" et tant d'autres "perles" des mouachahate arabes. Entre deux chansons, les musiciens accompagnant le chanteur ont offert des moments musicaux fascinants où le vibrato du qanun accompagne délicatement les cordes du luth et le son d'une flûte enchantée. La soirée s'est poursuivie avec le chanteur constantinois Salaheddine Khaldi qui a présenté avec brio des partitions des nouba "H'sin" et "Zidane", un délicieux istikhbar et un Mçader, dans la pure tradition du malouf constantinois. Inscrite dans le cadre de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", la 9ème édition du festival international du malouf, ouverte samedi dernier a vu défiler plus d'une vingtaine d'artistes venus de quatre coins du monde pour chanter une musique savante et séculaire, héritage universel. Les hôtes de la ville des ponts étaient accompagnés dans ces soirées par des troupes musicales nationales et des artistes locaux qui ont démontré que l'école du malouf regorge de talents et de voix. Le clap de fin de cette 9ème édition organisée sous le slogan "le malouf, héritage des générations", est prévu pour samedi soir avec au programme la prestation très attendue de l'orchestre régional de la musique andalouse dirigé par Samir Kredira, aux côtés des artistes Syrien Badr Rami et Egyptien Mohamed Al Hilou.