La 3ème soirée du festival international du malouf, animée par les troupes "La voix de la Belgique", "Evgenios Voulgaris" (Grèce) et "Maqam", a offert mardi soir une escapade musicale envoûtante, pleine de tendresse et de mélancolie, sur les traces de la musique savante. Durant plus de deux heures, des artistes et des musiciens à la sensibilité bouleversante ont donné tout son sens à l'élégance d'une musique qui reste un héritage universel, dans une harmonie de cordes et un enivrement de rythmes confirmant le caractère sans frontières de la musique. La marocaine Naziha Meftah, star de la troupe "la voix de la Belgique", sous la houlette du compositeur et chef de la troupe Samir Bendemrad, (un artiste d'origine algérienne établi à Bruxelles), a subjugué le public nombreux du théâtre régional de Constantine (TRC) avec sa voix attachante, au timbre bien particulier. Gracieuse dans un caftan jaune et doré, Naziha a interprété une des plus belles chansons du terroir algérien "Ya belaredj" avant d'enchaîner avec "Belahou ya hamami", en hommage à la mémoire vivante du malouf constantinois Mohamed-Tahar Fergani, que Samir Bendemrad a présenté comme "le maître au coup d'archet exceptionnel". Avec le plus grand naturel, ravie par l'accueil chaleureux du public, l'artiste entonne "Bent Bladi" en hommage au chanteur marocain Abdessadek Chakara, et puis "Chehlat La'ayane", "Oussfour tal min chibak" et "Zahrat al mada'ine" de la diva Faïrouz, et encore "Oussfour ta'ar" de Marcel Khalifa dans un flux musical ininterrompu. Entre luth, violon, violoncelle, mais également piano, cajon (caisse de résonance parallélépipède d'origine péruvienne, ndlr) et saxophone des musiciens belges, italiens et tunisiens composant la troupe, jaillit un "discours" musical subtil est engagé, devant une assistance ravie de "sentir" l'âme de la musique. La première partie de la soirée a été animée par le groupe d'Evgenios Voulgaris dont les six membres ont fait voyager le public sur les traces de la musique traditionnelle des îles grecques. Dés la première note, la voix caressante et douce de la chanteuse du groupe Charitini Georgopoulou s'élève pour entonner la vie, l'amour et la joie de vivre dans une expressivité fascinante et touchante même pour les mélomanes qui ne comprennent pas la langue. Des notes de Qanun, de luth et de violon se sont imbriquées les unes aux autres pour donner cette matière sonore saisissante qui captive les coeurs et les esprits et à laquelle le public a répliqué par des ovations. Les membres de l'association Maqam, de Constantine, lauréate du deuxième prix du festival national du malouf qui s'était déroulé en juillet dernier, ont pris le relais lors de cette troisième soirée de la 9ème édition du festival international du malouf pour interpréter, sous la houlette du chef d'orchestre Moundji Benmalek, un bachraf Regrig, une nouba Mezmoum, un délicieux Istikhbar et un mçader, dans la pure tradition du malouf constantinois. Les jeunes de Maqam, dont de nombreuses jeunes filles, ont offert au public de magnifiques moments solos de flûte, de violon et de luth. Inscrite dans le cadre de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", la 9ème édition du festival international du malouf, ouverte samedi dernier, se poursuivra jusqu'au 31 octobre sous le slogan "le malouf, héritage des générations" avec la participation de troupes et d' artistes venus de dix (10) pays.