La pression s'est accrue davantage sur la Cour pénale internationale (CPI), qui a reçu un nouveau document de l'Etat de Palestine, lui demandant d'"accélérer" l'examen de crimes de guerre qu'Israël continue de commettre dans les territoires palestiniens. Il s'agit du troisième dossier présenté à la CPI depuis que l'Etat de Palestine a rejoint cette instance internationale en janvier 2015. Le nouveau document a été remis vendredi dernier à la procureure, Fatou Bensouda, à l'occasion d'une rencontre avec un délégation palestinienne, conduite par le président Mahmoud Abbas. Il comprend de nouveaux éléments pour tenter d'obtenir l'adjonction des dernières agressions dans les territoires palestiniens à l'enquête liée à l'offensive sioniste de l'été 2014 dans la bande de Ghaza. Des "exécutions extrajudiciaires" Le nouveau document remis à Mme Bensouda "fait référence aux exécutions extrajudiciaires, aux destructions de maisons et punitions collectives, montrant des exemples de cas d'agressions par Israël sur ces 40 derniers jours contre les Palestiniens innocents autour des territoires occupés", a expliqué le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki qui faisait partie de la délégation palestinienne. Après avoir rencontré Mme Bensouda à La Haye, où siège la CPI, M. al-Maliki a jugé "extrêmement important d'accélérer" le processus lié à l'examen préliminaire portant sur l'agression sur Ghaza de l'été 2014 qui avait coûté la vie, en 50 jours, à 2.100 Palestiniens, des civils pour la plupart et blessé des milliers d'autres. "Nous espérons que la Cour conclura bientôt ... qu'elle a une base solide et assez de preuves pour prouver qu'Israël a commis des crimes de guerre et crimes contre l'humanité", a ajouté le chef de la diplomatie palestinienne. Appuyant les propos du ministre des Affaires étrangères, le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, de son côté indiqué que le dossier évoque également un "nettoyage ethnique" et s'appuie sur "des photos et des vidéos vérifiées". A l'issue de sa première rencontre avec le président Abbas, Mme Bensouda, a, quant à elle, mis en garde contre une dégradation de la situation qui, pourrait mener, selon elle, à "des crimes à grande échelle", en référence à la tension qui règne depuis le 1er octobre dans les territoires occupés. La procureure de la CPI avait ouvert en janvier un examen préliminaire afin de déterminer si elle dispose d'assez d'éléments pour déclencher une enquête sur des crimes de guerre commis depuis l'été 2014 durant l'offensive barbare contre les Ghazaouis. Un des éléments le plus important dans ce dossier est le bombardement par l'armée d'occupation Israélienne d'écoles de l'ONU utilisées comme refuge par les déplacés. Mais à ce jour, les enquêteurs sont considérés comme étant "persona non grata" par l'administration israélienne, qui leur interdise d'entrer à Ghaza, bloquant ainsi leur enquête. Tensions et escalade israéliennes Au moins 67 Palestiniens dont 14 enfants sont tombés en martyrs depuis un mois lors des nouvelles agressions israéliennes qui se poursuivent dans les territoires occupés, selon des sources palestiniennes. Samedi, un Palestinien a été tué par des tirs de soldats de l'armée d'occupation à un point de contrôle en Cisjordanie. Il s'agit du sixième Palestinien tué en 72 heures lors des agressions israéliennes en Cisjordanie et à El-Qods-est occupées. En plus des 67 martyrs palestiniens, 7.200 blessés ont été enregistrés parmi les Palestiniens dans la foulée des tensions autour de la mosquée d'al-Aqsa, d'après le ministère de la Santé palestinien. Ces nouvelles agressions avaient été précédées en septembre de plusieurs jours d'affrontements entre les soldats israéliens et les Palestiniens sur et autour de l'esplanade des Mosquées. Dans une réaction à ces troubles, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, ont beaucoup évoqué, ces derniers jours, l'effet produit par la colonisation au détriment du peuple palestinien. La communauté internationale considère comme illégale la colonisation, c'est-à-dire la construction d'habitations civiles israéliennes sur les territoires occupés ou annexés depuis 1967. Elle constitue un obstacle primordial à la recherche de la paix. Par Nora Benaceur