Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a indiqué jeudi à Paris que 24 actes antimusulmans, dont deux agressions de femmes en hidjab (voilées) et 18 menaces ont été enregistrés depuis les attentats de vendredi dernier. Ces chiffres, avertit le CFCM, sont uniquement « basés sur les plaintes et mains courantes déposées auprès des services de police ou de gendarmerie et comptabilisées par le ministère de l'Intérieur», précisant qu'ils se résument en six actions, notamment dégradations de mosquées, violences physiques, et 18 menaces manifestées à travers des lettres haineuses ou d'insultes. Après les attaques contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le CFCM avait recensé une cinquantaine d'actes antimusulmans. Parmi les six actions antimusulmanes figurent des dégradations de lieux de culte par des inscriptions haineuses à Créteil (Val-de-Marne), Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) et Pontarlier (Doubs), mais aussi l'agression de deux femmes portant un hidjab (voilées), l'une à Marseille et l'autre à Toulouse, selon le CFCM qui se veut l'Observatoire national contre l'islamophobie. Par ailleurs, le rassemblement prévu vendredi devant la Grande mosquée de Paris a été annulé, en raison des conditions de sécurité qui ne sont « pas réunies». Ce rassemblement était prévu, vendredi après-midi, pour dire « non au terrorisme» et à « l'amalgame» après les attentats du 13 novembre passé. « Après discussion avec les autorités de la préfecture de police de Paris (PP), il apparaît que les conditions de sécurité indispensables à l'organisation d'un rassemblement public ne sont pas réunies», indique un communiqué de la Grande Mosquée de Paris. La préfecture de police de Paris a annoncé jeudi que l'interdiction de manifester sur la voie publique en île-de-France était prolongée jusqu'à dimanche, à l'exception des « rassemblements de fait sur les lieux des attentats à des fins commémoratives», près du Stade de France à Saint-Denis et dans les Xe et XIe arrondissements de Paris, où les attaques terroristes ont fait 129 morts et 352 blessés. L'appel à ce rassemblement lancé par le recteur de la mosquée, Dalil Boubakeur, invitait « tous les citoyens de confession musulmane et leurs amis à venir exprimer, à l'issue de la prière du vendredi, leur profond attachement à Paris, à sa diversité et aux valeurs de la République». En conséquence, un prêche contre le « terrorisme» sera prononcé lors de la prière de vendredi, comme y sont invitées les quelque 2.500 mosquées et salles de prière du pays. A Marseille, rappelle-t-on, un collectif de onze mosquées de Marseille avait appelé dimanche les Français à ne pas faire de « l'amalgame» et ne pas se laisser tenter par des « représailles», suite aux attentats terroristes de vendredi soir à Paris. « Notre collectif appelle l'ensemble des Français à ne pas se laisser tenter par le cycle infernal des amalgames et des représailles, qui serait la meilleure façon de cautionner les actions criminelles des assassins parisiens", avaient affirmé les responsables de ces mosquées dans un communiqué. Pour ce collectif, la peur qui s'est emparée des Parisiens « ne doit pas nous diviser», mais elle « doit se transformer en un formidable mouvement de solidarité nationale», ont recommandé les responsables des mosquées après une réunion dans le 2e arrondissement de cette ville qui compte environ 70 mosquées.