Le nécessaire nettoyage de la région d'In-Ecker (150 km Nord de Tamanrasset), contaminée par la radioactivité engendrée par les essais nucléaires de la France coloniale dans le Sahara algérien, et la prise en charge des victimes demeure une question "pressante", ont souligné des associations locales et des spécialistes des questions nucléaires. Ce problème revêt un caractère "urgent", après 50 ans des essais nucléaires menés par la France coloniale dans le Sahara algérien et qui ont engendré des effets et des répercussions néfastes des radiations sur la santé humaine, l'environnement, ainsi que la destruction de tout le potentiel des régions avoisinantes, ont-ils observé unanimement. L'association Taourirt de la wilaya de Tamanrasset s'emploie, depuis sa création en décembre 2012, à faire aboutir une série d'objectifs visant à mettre en évidence les séquelles induites par les essais nucléaires français dans la région d'In-Ecker, et appelle, par la même, à considérer ces essais en tant que crime contre l'humanité sur la population locale et sur l'environnement. L'association s'attelle, entre-autres missions, à sensibiliser la population et les différents instances et organismes sur la vérité des 13 essais nucléaires français menés entre 1961 et 1966 dans la région d'In-Ecker et dont les effets des radiations ionisantes perdurent et affectent encore l'environnement et les populations riveraines, se traduisant par la prévalence de graves maladies, le cancer notamment, perceptibles sur la santé humaine, animale et même végétale. Le président de l'Association, Mahmoud Louaer, a indiqué à l'APS "qu'il est aujourd'hui indispensable de révéler et vulgariser les dangers des déchets radioactifs engendrés par ces essais et de rechercher les sites où ils ont été enterrés et qui restent encore inconnus". Environnement pollué, maladies et souffrances des victimes Faisant le lien entre les essais nucléaires français et l'apparition de plusieurs maladies, M. Louaer a indiqué que les essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien ont été à l'origine de l'apparition de lourdes maladies, dont celles cancéreuses très répandues dans la région de l'Ahaggar, en plus de malformations congénitales et d'autres liées à la stérilité. Pour faire face aux séquelles induites par la radioactivité sur la santé humaine, moult appels ont été lancés pour rendre justice aux victimes de ces essais nucléaires, encore en vie, et ce, par leur indemnisation, leur prise en charge et leur assistance. Dévoiler les archives sécrètes sur les crimes contre l'humanité Rappelant les crimes abominables commis par la France coloniale contre le peuple algérien et l'acte colonial ignoble de transformer le Sahara algérien en champ d'exécution de ces crimes, l'Association s'assigne comme objectifs d'obliger les parties françaises de dévoiler les archives secrètes concernant ces crimes, de mener des opérations de nettoyage et d'assainissement de la région des effets radioactifs, et de créer un observatoire permanent chargé du suivi de la radioactivité à travers les régions et sites contaminés. Faciliter les mesures procédurières d'éligibilité aux indemnisations et aplanir les obstacles bureaucratiques mis en place par les autorités françaises pour se soustraire de ses responsabilités envers les victimes de la radioactivité, font partie des objectifs visés par l'Association. "Il appartient de créer des centres médicaux spécialisés dans la wilaya de Tamanrasset pour apporter l'assistance médicale nécessaire et prévenir et traiter les maladies conséquentes de la radioactivité", a soutenu son président. La France appelée à reconnaitre et assumer ses responsabilités Des experts, chercheurs et autres personnalités de défense des droits de l'homme, s'intéressant à la question des essais nucléaires français dans le Sahara algérien ont, pour leur part, estimé "impératif" pour la France d'assumer pleinement sa responsabilité de nettoyer et de réhabiliter les zones contaminées et polluées, ayant constitué des champs d'essais nucléaires. Se basant sur les droits de l'homme et les conventions internationales, passés en revue lors d'un séminaire national tenu par l'association Taourirt l'an dernier à Tamanrasset, ils ont appelé à la protection de l'humanité des conséquences des pollutions induites par les essais nucléaires. Le chercheur Abdelkadhim Laboudi a, dans son intervention sur le caractère dévastateur de ces essais nucléaires, souligné que les sites des essais nucléaires laissés par la France ont été hautement pollués et irradiés, et les effets de la radioactivité, laissés à ciel ouvert sans être assainis, perdureront pour des milliers d'années. La France manifeste encore un "déni de justice" envers les victimes et refuse de reconnaitre ses crimes et les droits des victimes qui ont enduré de pénibles souffrances, a soutenu le chercheur. "Le temps est venu pour que la France assume ses responsabilités en matière de nettoyage, d'assainissement et de réhabilitation des zones contaminées", a estimé le président de l'association Taourirt, appelant à revoir les conditions "injustes" posées par la France pour l'indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires, ou pour ce qui concerne l'identification des zones sinistrées du fait de la radioactivité. M. Louaer a, à ce titre, appelé à la tenue d'une conférence international, sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies (ONU), pour prendre en charge le dossier des victimes des essais nucléaires à travers le monde.