PARIS – Le droit au développement, équité et transparence, ce sont les mots d'ordre des pays africains qui se sont réunis dimanche au Bourget à Paris pour faire le point sur les négociations de la première semaine de la Conférence mondiale sur le climat (COP21) et coordonner leurs actions, pour la suite des négociations qui débuteront lundi, en tentant de parler d'une seule voix. C'est ce qui ressort de la réunion samedi du groupe africain (ministres et groupe de négociateurs), en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, présent à l'ouverture, a exhorté les pays africains à "parler d'une seule voix" lors des négociations de haut niveau pour faire prévaloir leurs positions dans le but de parvenir à un accord "ambitieux" et "équitable" sur le réchauffement climatique. "Je vous encourage à continuer à le faire. Unis, vous formerez un bloc solide de 54 nations et vos intérêts seront mieux préservés", a-t-il recommandé aux ministres et experts africains, relevant que leur engagement est "essentiel" pour assurer le caractère "ambitieux" au futur accord auquel aspirent les populations africaines et du monde entier. "L'Afrique est un continent particulièrement vulnérable au regard des effets du changement climatique. La majorité des économies de ces pays, en matière de ressources, dépendent notamment de la réalité et sensibilité climatique, dont la pluviométrie et l'agriculture", a-t-il noté, soulignant que les perturbations climatiques, sur les ressources hydriques et donc la production des denrées alimentaires, "posent de sérieux risques pas uniquement pour vos économies mais également pour la stabilité politique des pays particulièrement fragiles". L'Afrique n'est pas venue "quémander", mais faire des propositions concrètes Il a estimé, dans ce contexte, qu'à travers une action partagée, dans le cadre de la coopération, les pays et les régions peuvent réduire les émissions de CO2 et mettre en œuvre une stratégie bas-carbone qui réponde aux besoins et attentes des populations en matière de développement. Enumérant les préoccupations des pays de ce continent, dans le cadre de l'accord de Paris qui devra voir le jour vendredi, Ban Ki-moon a affirmé que les problèmes de l'adaptation et de la différentiation doivent être traités par l'accord. Concernant le caractère "ambitieux" de l'accord, le SG de l'ONU a indiqué qu'on doit l'adopter, individuellement ou collectivement, pour contenir la température à moins de 2 degrés C. Au sujet du financement, demandé par les pays en développement, Ban Ki-moon pense qu'il est "nécessaire" pour soutenir une "adaptation urgente" aux conséquences du réchauffement climatique, pour le développement de l'énergie propre dans ces pays en assurant le transfert technologique. Durant la rencontre, le groupe des négociateurs africains ont procédé à un briefing pour les ministres, au cours duquel chaque expert a expliqué la démarche de la négociation entreprise et les recommandations mettre sur le curseur au cours de la dernière semaine des pourparlers. Pratiquement, tout le monde s'est accordé à souligner que l'Afrique, dans son ensemble, n'est pas venue "quémander", mais participer de "façon active" et "efficace" au débat avec des propositions et solutions concrètes, parce que les décisions prises, à l'issue de ce sommet, ont expliqué des intervenants, seront "très significatives" pour les économies de ces pays qualifiées de "faibles". Dans ce cadre, les pays africains demandent le droit au développement, avec le soutien des puissances, arguant par le fait que le changement climatique leur offre des opportunités de se développer, d'autant qu'ils disposent d'énormes potentialités en énergie propre et renouvelable. Le panel des négociateurs ont présenté, à cet effet, un exposé sur les deux initiatives lancées par les pays africains dans le cadre de la COP21: l'Initiative africaine d'adaptation et l'Initiative africaine de l'énergie renouvelable. Les opportunités de développement de l'Afrique L'Initiative africaine d'adaptation a changement climatique, nécessitant une enveloppe de 100 milliards de dollars et même au-delà, oriente le développement dans ce continent vers des modèles sobres en carbone. Elle concerne notamment des programmes d'électrification et des projets liés à l'agriculture et à la paysannerie. La deuxième initiative est relative au développement de l'énergie renouvelable, portée par l'Union africaine, qui pourra encourager l'utilisation de l'énergie solaire, éolienne, hydroélectrique ou géothermique selon le potentiel de chaque pays. Par ailleurs, des membres du panel africain dans la négociation ont insisté, pour leur part, sur le caractère "contraignant" du futur accord pour amener les pays contractants à respecter leurs engagements, et sur le concept de l'équité et du développement durable. A propos des financements, ils ont également insisté sur la transparence dans le soutien des pays riches et bailleurs de fonds et dans l'affectation de ces fonds dans le cadre de l'adaptation climatique et le développement durable. Au cours du débat, le chef de la diplomatie algérienne a souligné, en citant les deux initiatives, que l'Afrique, berceau de l'humanité, "ne se contente pas de poser des problèmes, elle propose des solutions minutieuses, réalistes et légitimes". Dans sa brève intervention, Ramtane Lamamra a expliqué au sujet de l'engagement financier de 100 milliards de dollars, qu'il s'agissait d'un objectif au titre du sommet de Copenhague, mais pour le sommet de Paris, "il s'agit d'un plancher sur lequel nous pourrons élaborer et construire de nouvelles avancées". Le sommet mondial sur le climat, rappelle-t-on, a débuté ses travaux le 30 novembre avec la présence de 150 chefs d'Etat et de gouvernement, dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Le sommet prendra fin vendredi avec l'adoption d'un accord sur le réchauffement climatique. La première semaine a été sanctionnée par la présentation d'un projet d'accord d'une vingtaine de pages qui constituera lundi le document de travail de la réunion ministérielle de haut niveau, à laquelle prendra part Ramtane Lamamra.