Les participants à une conférence consacrée au phénomène de "l'émigration clandestine en Méditerranée", organisée en marge du festival d'Annaba du film méditerranéen, ont mis en relief le rôle du cinéma dans "le lancement et l'approfondissement" du débat autour de ce phénomène. Le cinéma, un art de l'image et du son, est un outil efficace pour rendre compte du drame des émigrants clandestins, mus par de "faux rêves d'eldorado", a estimé le cinéaste et enseignant universitaire oranais, Mohamed Bensalah. Cet intervenant, évoquant les raisons qui conduisent des jeunes à braver la mer à la recherche d'une prétendue "vie meilleure", a considéré que les solutions imaginées par les pays de l'espace euro-méditerranéen resteront sans effet en l'absence d'une réelle volonté de traiter le problème dans toute sa profondeur. Pour sa part, le Pr. Fouad Bouketta, de l'université d'Annaba, soulignant que l'émigration clandestine en mer méditerranée connait une recrudescence "impressionnante", a rappelé, à ce propos, que l'année 2014 a été marquée par l'arrivée sur les côtes européennes de 274.000 migrants contre 100.000 en 2013. Pour cet universitaire, le règlement de cette question reste tributaire des mesures que les Etats doivent prendre pour créer, dans leurs pays, les conditions d'une vie décente et épanouie, susceptible de renforcer dans les rangs des jeunes le sentiment d'appartenance à leur pays, à leur culture. Au cours de cette conférence organisée dans un hôtel de la côte annabie, en présence de nombreux étudiants, membres d'associations et juristes, les participants ont aussi traité de l'aspect le plus dramatique de l'émigration clandestine, celui, en l'occurrence, de la disparition en mer de nombreux jeunes gens ayant tenté la "folle aventure". Laetitia Tura, réalisatrice avec Hélène Crouzillat du long-métrage documentaire "Les messagers" a participé au débat qui lui a donné l'occasion de présenter son film où des témoins, des migrants, racontent parfois de façon poignante, la façon dont ils ont frôlé la mort.