Une véritable course contre la montre a été engagée jeudi, à la veille de la clôture du sommet mondial sur le réchauffement climatique, pour parvenir à un accord acceptable par tous et limitant les émissions de gaz à effet de serre. Le président François Hollande a avoué dans la matinée de jeudi que des difficultés persistaient même si les représentants des 195 pays, membres de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat, ont passé la nuit à lever les divergences et tenter de trouver des compromis dans des réunions marathon. Les clivages restent pendants autour de la répartition des efforts entre les pays développés et ceux en voie de développement. Les premiers n'ont pas l'intention de sacrifier, en tout cas dans l'immédiat, leur modèle et processus de production et de passer subitement vers une autre ère économique qu'ils ne la maîtrisent pas encore. Pour leur part, les pays en développement, même s'ils ne forment pas un bloc homogène, veulent coûte que coûte saisir cette "opportunité" du réchauffement climatique pour rattraper, avec le développement d'une économie basée sur les énergies renouvelables, leur retard accusé depuis la période de la révolution industrielle. C'est dans cette perspective que ces derniers, se déclarant non-responsables de la crise climatique actuelle, ne veulent plus entendre parler de promesses, en matière de financement, sans faits, sans suivi. Dans l'accord, ils insistent qu'ils soient différenciés des pays industrialisés et pas traités sur le même pied d'égalité que les pays industrialisés. Ils tiennent d'abord à ce que les 100 milliards de dollars annuels promis par les pays développés, à partir de 2020, soient un "plancher", régulièrement revue à la hausse. Position défendue par l'Algérie, notamment par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, lors de la Journée de l'Afrique, organisée en marge de la conférence. En tout cas, les ministres délégués travaillent d'arrache-pied dans ce dernier quart d'heure et un nouveau projet d'accord est attendu en début de soirée de jeudi, avant le pacte final qui sera annoncé en fin d'après-midi de vendredi. L'ambiance au Bourget n'est plus la même. L'optimisme des premiers jours de la conférence a cédé la place au doute. Sera-t-il ambitieux, universel, juste, équitable et diversifié ? S'interrogent nombre d'observateurs qui ont suivi le déroulement des pourparlers qui étaient laborieux pour les négociateurs et les experts. Mais chez certains experts et négociateurs, l'optimisme reste intact, notamment pour ceux qui ont assisté à l'échec de Copenhague. Ils relèvent que les ingrédients sont "toujours réunis" pour parvenir à Paris à un accord "ambitieux". Parmi les points positifs qui militent en faveur de l'obtention d'un accord final ambitieux, notent-ils, ce sont les avancées sur la protection de la faune, de la flore et, notamment, de la forêt, apportées par le projet mis en ligne hier en anglais. Dans ce texte, tous les pays s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années. Dans un entretien mercredi à l'APS, le co-président du groupe de travail international chargé de préparer l'avant-projet d'accord, l'Algérien Ahmed Djoghlaf, avait indiqué que l'accord sur lequel devra aboutir la conférence sera celui de Durban qui a préconisé, pour 2015, l'adoption d'un accord "universel", "ambitieux", avec l'acceptation de tous, sans "laisser derrière" aucune partie, et qui "puisse nous permettre de limiter la température à moins de 2 degrés C et même à 1 degré". L'expert algérien avait appelé à une solidarité internationale pour une "véritable" transition énergétique pour que les pays les plus vulnérables, qui n'ont pas de moyens, "puissent s'adapter au désastre climatique".