D'importantes mesures recadrant le commerce extérieur algérien auront été prises par le gouvernement durant 2015, l'introduction du dispositif de licences d'importation et d'exportation ayant constitué l'une des dispositions phares de l'année qui s'achève. Ce recours aux licences, rendu nécessaire par le manque de maîtrise des flux importants d'importations, a été officialisé l'été dernier lorsque le Parlement avait adopté la nouvelle loi sur le commerce extérieur, une loi qui avait alors suscité d'intenses débats. "Ce dispositif va permettre aux autorités publiques de mieux maîtriser les importations", avait expliqué le Premier ministre Abdelmalek Sellal à l'occasion de la tenue, en mars, d'une grande conférence nationale sur le commerce extérieur venue appuyer la démarche de "rationaliser" les importations et encourager les exportations hors hydrocarbures. L'entrée en vigueur effective du dispositif est prévue début janvier avec la délivrance des premières licences, au niveau bilatéral, pour les contingents originaires de l'Union européenne, avant de l'élargir, dans une autre étape, à d'autres produits au niveau multilatéral. D'autres mesures jugées importantes pour l'assainissement du commerce extérieur ont marqué l'année 2015, parmi lesquelles l'annonce de la réactivation des brigades mixtes entre les trois piliers de contrôle (commerce, douanes et impôts) et la séparation entre les activités de l'importation et celle de l'exportation qui totalisent plus de 42.000 opérateurs. C'est ainsi que, dans le cadre de la réactivation de ces brigades, le ministère du Commerce et les Directions générales des douanes et des impôts ont signé, en novembre, des accords pour la consolidation de leur relation autour de la protection de l'économie nationale, la répression des fraudes et les échanges d'informations relatives au commerce extérieur. Une démarche considérée par Bakhti Belaïb, successeur d'Amara Benyounès à la tête d'un département qu'il connaît bien puisque il était déjà ministre du Commerce entre 1996 et 1998, comme une " initiative visant à concrétiser les actions opérationnelles déjà engagées au titre de l'assainissement du commerce extérieur". Des initiatives pour encourager la production nationale Deux initiatives dont l'objectif commun est d'encourager la production et la consommation nationales: la réintroduction du crédit à la consommation et la campagne "Consommons algérien" sont au nombre des actions ayant marqué l'année sur le plan interne au moment où l'Algérie, confrontée à une baisse brutale et drastique de ses revenus extérieurs, a besoin plus que par le passé, de diversifier son économie. Gelé depuis 2009 pour ralentir les importations et limiter le niveau d'endettement des ménages, le crédit à la consommation a été ainsi réintroduit par la loi de finances 2015 en vue d'encourager la consommation du produit national et créer de la croissance. En l'absence d'une liste des produits éligibles, tel qu'exigé par les banques, cette formule de crédit, destinée exclusivement aux produits fabriqués ou assemblés localement, n'a cependant pas pu voir le jour en 2015. Son lancement effectif est attendu pour 2016. Baptisée "Consommons algérien", la campagne nationale d'encouragement à la consommation de la production locale a été l'autre initiative du ministère du Commerce lancée en 2015 pour inciter le consommateur à orienter ses choix vers les produits fabriqués localement. En plus des rencontres, manifestations et foires organisées à cette occasion, des conventions inter-entreprises pour la consommation des produits nationaux ont dominé cette campagne. Fidèle à son principe d'entreprise citoyenne, Sonatrach, à titre d'exemple, a choisi de s'engager dans cette campagne par l'acquisition de 70 véhicules de type Renault Symbol fabriqués dans l'usine de Tiaret. D'autres entreprises du secteur de l'hydraulique notamment ont, de leur côté, signé des conventions avec des entreprises nationales de fabrication de produits électroménagers et électroniques. Sur un autre plan et afin de contenir la flambée des prix de produits agricoles et offrir plus de transparence sur la traçabilité de ces aliments frais, le ministère du commerce a décidé d'introduire des bons de transactions commerciales dans leurs commercialisation. Agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et artisans seront, ainsi, dans le cadre d'une disposition qui devrait entrer en vigueur en 2016, tenus d'utiliser ce bon tenant lieu de facture. 2016 se présente, en conséquence, comme l'année de la mise en oeuvre effective de tous ces dispositifs législatifs et réglementaires visant à réduire les nombreux dysfonctionnements qui freinent depuis toujours l'expansion du secteur commercial dans le pays.