, ce qui représente 5% de la population âgée de 18 à 50 ans, rapporte le quotidien le Monde citant des chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (INED). "Les binationaux représentent 3,3 millions de personnes (5% de la population de la France métropolitaine âgée de 18 à 50 ans), dont 90% sont immigrés ou descendants d'immigrés", a précisé le journal qui rappelle que la déchéance de la nationalité, inscrite dans le projet de révision de la Constitution, sera applicable à toutes les personnes françaises nées d'un ou deux parents étrangers et ayant conservé leur nationalité étrangère. Le Monde a indiqué que les chiffres sur les personnes "potentiellement concernées" sont restés depuis longtemps "approximatifs" du fait de l'absence d'enquête nationale sur les binationaux. Selon les précisions du sociodémographe de l'INED, Patrick Simon, les ressortissants à double nationalité sont très fréquents chez les immigrés du Maghreb (66 %), les Turcs (55 %) et les Portugais (43 %), mais rares chez les personnes originaires d'Asie du Sud-Est. Le même chercheur a expliqué que "la France reconnaît la double nationalité pour ses ressortissants mais, sur son sol, elle les considère avant tout comme des ressortissants français. A l'inverse, dans l'autre pays de nationalité, le droit national de ce pays sera souvent prépondérant". Un immigré naturalisé peut cumuler la nationalité française et celle d'origine (dans le cas où son pays permet la double nationalité), tout comme les descendants d'étrangers nés en France qui deviennent français à leur majorité ou par anticipation, précise le Monde qui rappelle que la mesure de privation de la nationalité a été déjà introduite dans le droit français au début du XIXe siècle dans le code civil. A l'époque, ces dispositions "visaient les émigrés français ayant fui la Révolution, considérés comme traîtres à la patrie", mais il était possible pour un ressortissant étranger d'acquérir la nationalité sans abandonner sa nationalité d'origine. Annoncée par le président François Hollande, la future constitutionnalisation de la déchéance de nationalité des binationaux nés français, condamnés pour terrorisme, a été adoptée mercredi dernier par le Conseil des ministres, alors que tout le monde s'attendait à l'abandon de cette disposition, une idée de l'extrême droite. Trois jours après les attentats terroristes du 13 novembre dernier qui ont fait à Paris 130 morts, François Hollande avait évoqué, devant le Congrès, l'inscription dans la Constitution de cette disposition, critiquée par le camp même du président français et par des juristes et membres de la société civile.