La Banque d'Algérie compte injecter, à partir de février prochain, des liquidités pour refinancer les banques dont les ressources se sont contractées en 2015 après un excédent enregistré durant plusieurs années, a fait savoir, mercredi à Alger, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. "La Banque centrale a commencé à réduire graduellement les reprises de liquidité. Il est attendu un retour des banques et établissements financiers au refinancement auprès de la Banque d'Algérie, notamment via le réescompte, à partir de février", a-t-il indiqué lors la présentation du rapport de conjoncture économique des neuf premiers mois de 2015 lors d'une réunion qui l'a regroupé avec les P-dg des banques et établissements financiers en activité en Algérie. Les banques n'ont pas eu recours à la Banque centrale pour se refinancer depuis 2001, a-t-il observé. Cette mesure vise non seulement à faire face à l'amenuisement de l'excès de liquidités mais aussi à dynamiser le marché monétaire interbancaire, indique le rapport de la Banque centrale présenté par M. Laksaci. A fin septembre 2015, la liquidité globale des banques s'est établi à 1.828 milliards de dinars (mds DA) contre 2.730,88 mds DA à fin septembre 2014. "La forte baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures en est la principale cause, en contexte de persistance du choc externe", explique le document qui souligne que "sous cet effet, le marché monétaire interbancaire a enregistré une augmentation des montants échangés, soit 370,5 mds DA à fin juin 2015 contre 96,5 mds DA à fin décembre 2014". "Eu égard au choc externe violent, le rythme d'expansion des crédits à l'économie ne semble pas être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d'Algérie", relève le rapport. Dans ce même contexte, le gouverneur de la Banque centrale a indiqué que son institution travaillait à sensibiliser les banques pour jouer pleinement leur rôle de "collecteurs" de ressources à travers l'offre de produits attractifs, en vue de mieux contribuer à la croissance économique du pays. De janvier à septembre 2015, les crédits à l'économie ont poursuivi leur progression de 13,35% contre 19,91% à fin septembre 2014. L'analyse de la structure de ces crédits par secteur juridique montre que 52,43% des crédits ont été accordés au secteur public contre 47,57% au secteur privé dont 6,09% aux ménages. En terme de valeur, les crédits accordés au secteur public ont été de l'ordre de 3.865,3 mds DA à fin septembre 2015 contre 3.382,3 mds DA à fin décembre 2014, soit une hausse de 14,28%. Le montant des crédits contractés par le privé s'est établi à 3.058 mds DA à fin septembre 2015 contre 2.717,7 mds DA à fin décembre 2014, soit une croissance de 12,5%. Par ailleurs, la structure des crédits par maturité indique qu'à la fin septembre 2015, les crédits octroyés à court terme représentent 24,76% du total des crédits contre 75,21% pour les crédits à moyen et long terme. M. Laksaci a indiqué, par ailleurs, qu'une opération d'audit des banques serait lancée prochainement afin d'évaluer la résilience des banques et leur capacité à faire face au choc externe.