Les principaux acteurs de la crise syrienne ont convenu une "cessation des hostilités" en Syrie dans un délai d'une semaine et un accès accru de l'aide humanitaire aux civils en détresse, une étape considérée "importante" par la communauté internationale. Lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion à Munich (sud de l'Allemagne) dans la nuit de jeudi à vendredi, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a indiqué que "Nous avons convenu une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", précisant que cet arrêt des hostilités concernera toutes les parties au conflit à l'exception des "groupes terroristes Daech (autoproclamé "Etat islamique" EI) et Al-Nosra (Al-Qaïda)". Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a précisé pour sa part que les Etats-Unis et son pays vont piloter les "modalités" de mise en oeuvre de cette cessation des hostilités. Selon M. Kerry, il a également été convenu lors de cette conférence, "d'accélérer et d'élargir la fourniture d'aide humanitaire dès à présent" à une série de villes assiégées, en citant entre autres Deir Ezzor (est), où les forces loyalistes sont assiégées par Daech. Un groupe de travail piloté par l'ONU va se réunir dès vendredi à Genève pour mettre en oeuvre ce volet humanitaire et fera des "comptes rendus hebdomadaires" et les négociations intersyriennes, suspendues début février doivent par ailleurs "reprendre dès que possible", a dit M. Kerry. Ces négociations doivent avoir lieu "sans ultimatums et préconditions", a souligné son homologue russe, Sergueï Lavrov. L'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a fixé au 25 février la date de la reprise de ces discussions. La communauté internationale salue une étape "importante" Le Royaume Uni a salué l'accord de cessation des hostilités, estimant que "si elle est appliquée entièrement et correctement" par chaque membre du groupe international de soutien de la Syrie (GSEE), elle sera "une étape importante vers le soulagement de la mise à mort et la souffrance en Syrie". "La cessation d'hostilités ne saura durer et l'accord réussir que si les bombardements cessent" en Syrie, a indiqué vendredi un communiqué du ministère britannique des Affaires étrangères. Pour la Turquie cette déclaration "souligne les questions qui bloquent le processus (de discussion) de Genève et offre une occasion de surmonter l'impasse dans laquelle est confronté le processus politique". Saluant toujours cette étape importante, l'Allemagne a de son coté estimé que "les mots doivent être suivis de faits et le gouvernement allemand est d'avis que c'est à la Russie que revient la principale responsabilité" dans ce domaine. "Nous avons à présent la possibilité de sauver ce processus, mais nous attendons dans le même temps que la période jusqu'à un cessez-le-feu ne soit pas utilisée pour une intensification des bombardements", a conclu à la presse une porte-parole du gouvernement, Christine Wirtz. L'ONU préoccupée par la situation à Alep et dans d'autres parties du pays Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit jeudi être "extrêmement alarmé" et fait part de sa préoccupation face à la dégradation rapide de la situation des droits de l'Homme à l'intérieur et aux alentours de la ville d'Alep et dans d'autres parties de la Syrie. Condamnant catégoriquement "ces actes horribles", il a qualifié cette situation de "grotesque" dans un communiqué. Selon lui, "les parties belligérantes en Syrie s'enfoncent chaque jour un peu plus dans les abysses, sans se soucier le moins du monde de la mort et de la destruction qu'elles sèment dans le pays. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, les blessés, les malades, les personnes handicapées sont utilisés comme monnaie d'échange et chair à canon, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois". Des centaines de milliers de civils dans d'autres parties de la Syrie sont également confrontés à des conditions humanitaires très difficiles, a poursuivi M. Zeid. Il a donc appelé toutes les parties concernées à remplir leurs obligations afin de protéger les civils en tout temps et de permettre un accès complet à l'aide humanitaire, soulignant que "les négociations de paix à Genève doivent reprendre le plus tôt possible". 100.000 réfugiés dans les camps proches de la frontière turque Quelque 100.000 civils se trouvent actuellement dans les camps aménagés en Syrie près de la frontière turque, y compris les 35.000 qui ont fui les combats en cours autour de la ville d'Alep, a indiqué vendredi le vice-Premier ministre turc Yalçin Akdogan. Le responsable a suggéré que le flux des déplacés vers la frontière s'était nettement ralenti depuis quelques jours. L'ONU a rapporté jeudi qu'un total de 51.000 civils ont été déplacés depuis le début de l'offensive lancée le 1er février par l'armée syrienne, soutenue par des frappes aériennes massives de la Russie pour "déloger les terroristes" dans la province d'Alep (nord). Quelque 35.000 d'entre eux, surtout des femmes et des enfants, ont filé vers le nord avec l'espoir de pouvoir se réfugier en Turquie via le poste-frontière d'Oncupinar. Près de 70.000 autres déplacés étaient déjà établis dans la région du nord d'Alep. Les autorités turques, qui accueillent déjà 2,7 millions de Syriens sur leur sol, ont jusque-là refusé de les laisser entrer et organisé, avec le soutien d'ONG turques et internationales, leur installation côté syrien. Seule une poignée de blessés a été autorisée à passer en Turquie. L'ONU et l'Union européenne (UE) ont exhorté Ankara à ouvrir sa frontière à cette nouvelle vague d'exode, provoquant la colère des dirigeants turcs.