La situation politique en Irak a connu un nouveau développement, qui augure d'un dénouement de la situation après la présentation jeudi au parlement d'un nouveau gouvernement, alors que la revendication de réformes politiques continuait d'être exprimée par les contestataires à l'appel du mouvement sadriste. Au moment où le dernier délai donné, pour ce jeudi, au Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, pour présenter un nouveau staff gouvernemental, allait expirer, le chef de l'exécutif a pu proposer une équipe constituée de 14 portefeuilles au président du Parlement, Salim al-Joubouri. Toutefois, le cabinet de technocrates formé par M. al-Abadi comprend 16 ministères mais les noms des détenteurs des postes de la Défense et de l'Intérieur n'ont pas été rendus publics pour des raisons de sécurité, et ne seront, de ce fait, connus qu'après son adoption par le parlement où des dissensions politiques ont été enregistrées parmi les groupes parlementaires. L'ancien attelage gouvernemental comprenait 22 portefeuilles, revus à la baisse sous la pression de l'opposition conduite par Moqtada al-Sadr, exigeant des réformes politiques et un renforcement de la lutte contre la corruption, qui s'est, a-t-on soutenu, "généralisée" en Irak. Invité auparavant à clarifier sa position sur le gouvernement qu'il voulait voir être présenté et dire s'il veut qu'il soit composé de technocrates ou de politiciens, le Premier ministre a opté pour un gouvernement de technocrates pour mettre en oeuvre les réformes anticorruption qu'il a présentées après les grandes manifestations populaires. Mais, souligne-t-on, le défis ne semble pas définitivement relevé, étant donné que M. al-Abadi devra faire face à face à l'opposition des partis et ténors politiques ainsi qu'au camp dont il est issu, le mouvement Daoua. M. al-Abadi était en outre sous la pression de la rue depuis que le leader Moqtada al-Sadr a demandé à ses partisans de s'installer à l'entrée de la Zone verte à Baghdad, où siègent les principales institutions politiques du pays. Ils y campent depuis maintenant onze jours. Fin du sit-in des partisans de Moqtada al-Sadr Après deux semaines de sit-in aux portes de la Zone verte à Baghdad réclamant des réformes au sein du gouvernement, le dignitaire religieux irakien Moqtada al-Sadr, a appelé ses partisans à mettre fin à ce grand rassemblement. Cette annonce est intervenue après la a présentation au Parlement d'une proposition de nouveau gouvernement. Les partisans de l'imam Moqtada al-Sadr avaient averti qu'ils pourraient durcir leur mouvement de contestation dès demain après la prière du vendredi suite notamment au retard enregistré dans l'annonce du nouveau gouvernement sous la conduite du Premier ministre, Haïdar al-Abadi. Des milliers de manifestants campaient depuis vendredi 18 mars aux abords de la zone verte afin d'exiger un nouveau gouvernement et "dénoncer la corruption généralisée dans le pays". Al-Sadr avait, par ailleurs, mis en garde les chefs de parti contre toute tentative d'entraver la refonte du gouvernement qu'al-Abadi avait annoncé, le menaçant d'intenses manifestations de rue. Mettant à profit cette réaction, M. al-Abadi a demandé à M. al-Sadr la fin du sit-in pour des raisons de sécurité, car, a-t-on fait savoir, des forces mobilisées dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) avaient été temporairement retirées du front afin de renforcer la sécurité à Baghdad, théâtre d'un grand rassemblement de contestation. (Par Kahina HADDAR)