Des organisations non gouvernementales et des associations algériennes ont appelé samedi à Alger à la révision de la convention d'Ottawa d'interdiction des mines antipersonnel, soulignant la nécessité de faire endosser aux Etats qui les ont posées la responsabilité matérielle et historique devant les pays victimes. Mme Fatima Zohra Benbraham, avocate activant au sein des ONG concernées par la question de déminage, a indiqué que "la convention d'Ottawa ne comprend aucune clause interpellant les Etats polluants (poseurs de mines) et ne fait pas endosser à ces derniers la responsabilité de leurs conséquences. Les pays victimes assument seuls les coûts du déminage et veillent à indemniser les victimes, comme c'est le cas pour l'Algérie, a-t-elle déploré. Mme Benbraham a ajouté, dans une déclaration à l'APS, en marge d'une conférence sur les victimes des mines antipersonnel au Forum d'El Moudjahid qu'elle oeuvrait en coordination avec la société civile et de nombreux ministères pour réunir toutes les données nécessaires sur les réalisations de l'Algérie depuis l'indépendance jusqu'à nos jours dans le domaine de destruction des mines posées par les forces coloniales le long de la ligne Maurice à l'est et à l'ouest du pays et soumettre le dossier à la communauté internationale et aux parties concernées pour reconsidérer ce "précédent juridique", interpeller les pays "polluants" et leur faire endosser la responsabilité matérielle et historique devant l'Etat algérien. L'avocate a ajouté que l'Algérie avait exploité le principe "le fait précède la loi" en engageant des opérations de déminage et en assurant l'indemnisation des victimes et leur prise en charge sociale, matérielle et psychologique alors que l'Etat français s'est désengagé de toute responsabilité à ce sujet. L'Algérie qui a signé la convention d'Ottawa le 27 novembre 2004, s'est engagée à détruire toutes les mines antipersonnel, ne laissant que 6000 à des fins d'entraînement, selon les statistiques du ministère de la Défense nationale. Un responsable de l'Armée nationale populaire (ANP) a affirmé que l'Algérie était sur le point d'achever l'opération de destruction des mines antipersonnel posées par les forces coloniales, précisant qu'il restait environ 2 millions de mines sur plus de 11 millions semées tout le long des lignes Challe et Maurice (est et ouest du pays). Le Lieutenant colonel Mohamed Adami a précisé que jusqu'au 30 mars 2016, 865 920 mines sur un total de 11 millions ont été neutralisées. Le président de l'Association des victimes des mines antipersonnel Mohamed Djouadi a souligné la nécessité d'"exiger l'indemnisation des victimes" précisant que son association travaillait en coordination avec les différents départements ministériels à l'instar des ministères des Moudjahidine, de la Solidarité nationale et de la Santé pour la mise en place d'une banque d'informations sur les victimes. Il a indiqué que "l'Algérie était le seul pays parmi les 163 Etats signataires de la convention d'Ottawa, à allouer une pension à cette catégorie". M. Djouadi a rappelé par ailleurs que les dernières victimes ont été enregistrées en mars dernier dans la ville de Laghouat, précisant que depuis 2011 jusqu'à cette date, aucune victime n'a été enregistrée grâce aux efforts des unités de l'ANP.