Huit juristes internationaux, arrêtés puis relâchés mercredi à Rabat par la police marocaine, viennent d'être expulsés du Maroc au motif de ‘‘menaces graves et imminentes à la sûreté du Maroc'‘, a-t-on appris jeudi auprès du président de la Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand. La délégation internationale, constituée de juristes français, belges et espagnols, s'est rendu mercredi au Maroc pour rencontrer les avocats marocains et sahraouis qui assurent la défense de civils sahraouis, prisonniers politiques, condamnés à perpétuité par un tribunal militaire pour avoir manifesté, à Gdeim Izik, contre l'occupation du Sahara occidental par le Maroc. La mission avait prévu également différentes rencontres avec les délégations diplomatiques de plusieurs pays ainsi qu'une conférence de presse à Rabat dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme, qui a subi, selon la même source, des pressions ayant empêché cette rencontre. ‘‘Le Maroc poursuit ainsi une politique d'isolation des Sahraouis, empêchant ceux-ci de faire connaître leurs légitimes revendications à l'autodétermination, à la liberté d'expression, à la protection des droits de l'homme et à des procès justes et équitables'‘, a déclaré Pierre Galand. Il a souligné, dans sa déclaration, qu'au regard du droit international et des résolutions des Nations unies, le Sahara occidental ‘‘n'est pas un territoire marocain et le peuple sahraoui a le droit de revendiquer son autodétermination'‘. ‘‘C'est ce qui est contesté par le Maroc qui occupe illégalement une partie du Sahara occidental et force une partie de la population à se réfugier dans des campements où ils survivent depuis 40 ans grâce au soutien de l'Algérie et de l'aide internationale d'ONG et des Nations unies'‘, a-t-il ajouté. En réaction à cette expulsion, l'avocat au barreau de Paris, Joseph Breham, a considéré qu'arrêter et expulser des avocats agissant dans le cadre de leur mission de défense ‘‘signe le mépris du Maroc pour les droits de la défense et les canaux du procès équitable'‘. ‘‘La légion d'honneur attribuée par le gouvernement français au patron des services de sécurité marocains, que nous dénoncions fermement, résonne comme autant de signes d'encouragement de ce dernier dans sa dérive autoritaire. Dérive qui a abouti hier à la violation d'un des droits les plus fondamentaux, celui de choisir son avocat'‘, a souligné Me Breham, dans un communiqué de presse parvenu à l'APS. Il a tenu à remercier les autorités diplomatiques françaises, espagnoles et belges, ainsi que le barreau de Paris pour ‘‘leur mobilisation immédiate et décisive'‘. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental et la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.