Deux juristes espagnols, parmi la délégation de juristes internationaux expulsés jeudi du Maroc, ont affirmé jeudi leur détermination à continuer à défendre les droits des prisonniers politiques sahraouis, dans une déclaration au journal espagnol "El Mundo". "Nous sommes déterminés à continuer à défendre les droits des prisonniers politiques sahraouis", ont indiqué les deux juristes expulsés, en l'occurrence Fransisco Serrano et Juan Carlos Gomez Justo. Les deux avocats arrivés jeudi après midi au port d'Algeciras où ils ont été accueillis par des sympathisants et des amis du peuple sahraoui , se sont dits "indignés" par ce qui leur est arrivé au Maroc, dans une déclaration au journal espagnol "El Mundo". Les deux juristes ont souligné qu'ils prendront des mesures sans pour autant spécifier lesquelles, avant de relater l'histoire de leur arrestation au Maroc, la confiscation de leurs passeports et téléphones portables, les interrogatoires qu'ils ont du subir pendant plus de quatre heures par la police marocaine jusqu'à leur escorte vers le port pour rejoindre la ville côtière espagnole d'Algeciras. Fransisco Serrano, président de l'association des juristes d'Andalousie solidaire avec le peuple sahraoui, et ancien maire de Montellano, et son collègue Juan Carlos Gomez Justo faisaient partie d'une délégation internationale composée de huit juristes (5 espagnoles, deux français et un belge) partie mercredi au Maroc dans le but de rencontrer des avocats marocains et sahraouis assurant la défense des civils sahraouis, prisonniers politiques condamnés par un tribunal militaire marocains à des peines allant de 20 ans à la perpétuité. Arrivés mercredi, les huit juristes ont été expulsés jeudi par les autorités marocaines pour motif "menaces graves et imminentes à la sureté du Maroc". La mission avait prévu également différentes rencontres avec les délégations diplomatiques de plusieurs pays ainsi qu'une conférence de presse à Rabat dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme, qui a subi, selon le président de la Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand, des pressions ayant empêché cette rencontre. "Le Maroc poursuit ainsi une politique d'isolation des Sahraouis, empêchant ceux-ci de faire connaître leurs légitimes revendications à l'autodétermination, à la liberté d'expression, à la protection des droits de l'homme et à des procès justes et équitables", avait déclaré Pierre Galand, après l'expulsion de la délégation par la police marocaine. Il a souligné, dans sa déclaration, qu'au regard du droit international et des résolutions des Nations unies, le Sahara occidental "n'est pas un territoire marocain et le peuple sahraoui a le droit de revendiquer son autodétermination". "C'est ce qui est contesté par le Maroc qui occupe illégalement une partie du Sahara occidental et force une partie de la population à se réfugier dans des campements où ils survivent depuis 40 ans grâce au soutien de l'Algérie et de l'aide internationale d'ONG et des Nations unies", a-t-il ajouté. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental et la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France. En expulsant les juristes, le Maroc veut isoler les Sahraouis (ONG) PARIS- Avec l'expulsion jeudi des juristes internationaux qui voulaient rencontrer à Rabat les prisonniers politiques sahraouis, le Maroc "s'efforce d'isoler les Sahraouis" pour les empêcher de faire connaître leurs "légitimes revendications", a indiqué vendredi l'Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). "Avec cette nouvelle expulsion, le Maroc s'efforce d'isoler les Sahraouis pour les empêcher de faire connaître leurs légitimes revendications à l'autodétermination, à la liberté d'expression et à des procès équitables", a précisé dans sa dernière lettre d'information l'ONG qui soutient le peuple sahraoui dans sa lutte de libération contre l'occupant marocain. L'ONG s'interroge si c'est le moment est choisi à la veille de la publication du rapport du Secrétaire général des Nations unies et de la réunion du Conseil de sécurité et si ce "coup de force" sera "comme souvent payant", rappelant que depuis plusieurs jours, "on ne compte plus les expulsions d'étrangers décidées par le royaume, journalistes de la chaîne Canal Plus". Réfutant l'argumentaire des responsables marocains selon lequel "le royaume ne peut accepter qu'un groupe d'étrangers sème le trouble et porte atteinte à l'ordre public", l'Association souligne que les avocats et juristes, "forts de leur exigence du respect du droit (à), représentent un réel danger pour l'Etat marocain et sa monarchie". "Le royaume à l'extérieur s'affronte à l'ONU, aux institutions européennes, à son voisin l'Algérie et s'entête dans l'occupation du territoire du Sahara occidental, au mépris même de ses intérêts. A l'intérieur, c'est répression et arbitraire pour tous ceux qui osent s'opposer publiquement à une monarchie autoritaire et affairiste", a-t-elle encore expliqué. L'avocat au barreau de Paris et membre de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), Joseph Breham, a considéré jeudi qu'arrêter et expulser des avocats agissant dans le cadre de leur mission de défense "signe le mépris du Maroc pour les droits de la défense et les canons du procès équitable". Pour cet avocat, c'est une "dérive autoritaire qui a abouti hier à la violation d'un des droits les plus fondamentaux, celui de choisir son avocat". L'association espagnole des avocats proteste contre l'expulsion des juristes internationaux par le Maroc Madrid- Le conseil général de l'association des avocats espagnols a protesté contre l'arrestation et l'expulsion jeudi par les autorités marocaines des huit observateurs internationaux des droits de l'Homme dont cinq espagnols. Cette association a, dans un communiqué, appelé le gouvernement marocain à permettre le "travail des observateurs des droits de l'Homme et de garantir le droit à tout accusé à un procès équitable" avant de rappeler que ces juristes se sont rendus au Maroc pour chercher à connaitre la situation juridique dans laquelle se trouvent les 13 condamnés du groupe de Gdeim Izik et en particulier "le traitement réservé aux appels présentés par leurs avocats et aussi les conditions auxquelles ils sont soumis". La même source qui a rappelé dans ce contexte que les prisonniers sahraouis ont participé à des manifestations en 2010 dans le camp de Gdeim Izik prés de Laayoune occupée pour revendiquer le droit à l'autodétermination du Sahara occidental "purgent des peines comprises entre 20 ans et la prison à vie". Amnesty international et d'autres organisations internationales ont récemment affirmé que ces prisonniers sahraouis ont été privés illégalement de leur liberté, poursuit-on. De son côté, l'association libre des avocats de la ville de Saragosse a dénoncé la détention "illégale et injustifiée des membres de la délégation internationale des juristes et la "permissivité du gouvernement espagnol". "Ce fait est très grave puisqu'il viole le droit fondamental de défendre les personnes qui souffrent", a-t-elle estimé dans un communiqué. Pour sa part, la délégation sahraouie en Espagne a vivement condamné et rejeté l'attitude du Maroc qui a expulsé jeudi de son territoire, une délégation internationale de juristes espagnols, français et belge, a indiqué vendredi la représentante de la république arabe sahraouie démocratique. Khira Bulahi a réitéré son rejet de l'attitude de défi du Maroc "qui viole systématiquement les droits de l'homme du peuple sahraoui" et a condamné "les obstacles et entraves imposées par l'occupant marocain contre les mesures visant à assurer le respect des droits de l'homme au Sahara occidental", a-t-elle souligné.