Mille quatorze (1.014) cas de brucellose humaine ont été diagnostiqués et pris en charge par les structures de santé depuis le début de l'année en cours à travers les différentes localités de la wilaya de Ghardaïa, a-t-on appris jeudi auprès des services de la prévention à la direction locale de la santé, de la population (DSP). Selon le bilan de la DSP, le nombre de cas de brucellose, une zoonose contractée au contact d'animaux d'élevage et à la consommation de lait cru ou de produits dérivés du lait cru, notamment la ‘‘Kamaria'‘, un fromage traditionnel du terroir, est en hausse dépassant le nombre cumulé enregistré durant les trois dernières années (427 cas en 2015, 277 en 2014 et 116 en 2013), a précisé Dr Tahar Semache, responsable de la prévention. La recrudescence de cette anthropo-zoonose, dénommée également fièvre de Malte, observée dans la wilaya de Ghardaia depuis le début de l'année en cours est ‘‘inquiétante'‘, poussant les autorités locales à un renforcement ‘‘conséquent'‘ des opérations de contrôle sanitaire sur les produits laitiers et dérivés pour éviter la propagation de la pathologie. Un arrêté de la wilaya interdisant la vente de lait cru en vrac sans traçabilité et autres produits dérivés tel le petit lait, le lait caillé ainsi que le formage ‘‘Kamaria'‘, sur la voie publique a été mis en exécution, a indiqué le responsable de la prévention à la DSP. Les directions des Services agricoles et de la Santé ont lancé des appels aux habitants afin de s'abstenir de prendre du lait cru non bouilli et autres produits issus du lait cru, comme elles ont appelé les éleveurs et leurs familles à effectuer des prélèvements de sang pour pouvoir circonscrire ce qui est devenu une ‘‘véritable épidémie'‘, a-t-on fait savoir. Selon les éléments des enquêtes épidémiologiques lancées par les services de la santé et les services vétérinaire de Ghardaïa, cette recrudescence de la brucellose est attribuée au non-respect et au mépris des règles d'hygiène et sanitaire, au refus de certains éleveurs de vacciner leurs cheptels arguant que la vaccination provoque l'avortement de femelles gravides (sans preuve), et l'utilisation régulièrement par plusieurs éleveurs d'un géniteur mâle potentiellement infecté pour la reproduction. La vente de lait non pasteurisé de vache, de caprin et de camélidé à l'état brut, dans des bouteilles usitées destinées initialement à l'eau minérale, l'absence de contrôle et de répression contre la commercialisation de lait cru d'origine douteuse non étiqueté, ainsi que le fromage du terroir ‘‘kamaria'‘ très prisée par la population du M'zab sur la voie publique, est à l'origine de cette recrudescence de cette pathologie, confirme le directeur général de la prévention au ministère de la Santé, Pr. Ismail Mesbah contacté par l'APS. De leur côté, les services vétérinaires ont décelé près de 100 cas de brucellose animale circonscrits dans 17 foyers à Ghardaïa, Métlili, Daya Ben Dahoua, Guerrara, Berriane et El-Menea, depuis le début de l'année en cours, précisant qu'une opération de dépistage est effectuée sur le cheptel caprin, bovin, ovin et camelin pour procéder à l'abattage sanitaire des animaux infestés et contrecarrer la propagation de cette pathologie animale contagieuse. Pour maîtriser la propagation de cette pathologie de Brucellose, de nombreux praticiens estiment qu' il faut d'abord s'attaquer en priorité au réservoir animal et à l'éventuel vecteur de transmission de la pathologie, et renforcer la coopération entre médecins et vétérinaires d'une part, et le contrôle permanent du cheptel, du lait, des laiteries et des crémeries et autres commerçants de lait et dérivés. ‘‘Le lait est un produit sensible et dangereux car, pas plus contrôlé que l'animal qui l'a produit, il transmettra sûrement toutes les maladies de celui-ci, auxquelles il faut ajouter celles liées au manque d'hygiène de la collecte, du conditionnement et du transport'‘, a affirmé Dr Mustapha Khenin, un médecin de l'hôpital Tirichine Brahim de Sidi-Abbaz. De son côté, un vétérinaire privé a souligné que le lait provenant d'animaux malades et dont les germes responsables se transmettent à l'homme, est à l'origine de maladies, notamment la tuberculose et la brucellose. La brucellose se manifeste par une fièvre intermittente, des céphalées, une sudation abondante, des frissons, une perte de poids et des douleurs généralisées, a-t-on fait savoir. Elle constitue ‘‘un lourd fardeau'‘ financier pour le Trésor public, avec un coût de prise en charge d'une personne malade estimé à 180.000 DA /jour.