Le militant sahraoui des droits de l'homme, Naâma Asfari, actuellement détenu dans la prison de Rabat-Salé (Maroc), a été élevé au rang de "citoyen d'honneur" de la mairie d'Ivry-sur-Seine (France), a-t-on appris vendredi à Paris auprès d'une source sahraouie. La décision a été prise suite à une délibération, a-t-on indiqué, du conseil municipal au cours d'une réunion tenue jeudi soir au siège de la mairie, ouverte au public, dont notamment des Sahraouis. La majorité des membres a voté pour, trois se sont abstenus et un a voté contre, a-t-on précisé. Les membres du conseil municipal d'Ivry-sur-Seine, une commune située dans l'Ile de France et limitrophe de Paris, ont insisté, dans leurs interventions, sur le fait que ce militant pour l'indépendance de son pays est injustement incarcéré depuis 5 ans par le Maroc, pays qui occupe le Sahara occidental depuis 1975. Naâma Asfari, homme de paix et des droits de l'homme lutte, aux côtés de ses compatriotes, pour la libération de son peuple et l'indépendance de son pays que l'Onu a classé, en 1964, territoire non-autonome. Lui et 23 autres militants sahraouis, accusés de "meurtres de policiers et de militaires", ont été lourdement condamnés par un tribunal militaire marocain. Pour le conseil municipal, la question du Sahara occidental est "intimement" liée à la liberté et au droit, notamment celui des peuples de disposer d'eux-mêmes, exprimant sa solidarité et son soutien aux détenus politiques et à la lutte du peuple sahraoui contre l'occupation "illégitime" du Sahara occidental par le Maroc. Naâma Asfari est la troisième personne qui a été honoré par la mairie d'Ivry, après le Sud-Africain Nelson Mandela et le Palestinien Marouane al-Barghouti. Il est à rappeler que le maire d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, a interpellé à deux reprises le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, sur la situation des prisonniers politiques sahraouis, lui demandant d'intervenir auprès des autorités marocaines. "Monsieur le ministre, la situation des détenus du groupe Gdeim Izik est extrêmement préoccupante. Il semblerait que les autorités marocaines soient décidées à agir dans cette affaire sans tenir compte des droits humains les plus élémentaires, dont celui d'être défendu par un avocat", a-t-il averti dans une de ses correspondances. Le maire d'Ivry avait attiré l'attention du ministre sur la situation "dramatique" des vingt-quatre sahraouis défenseurs des droits de l'homme, détenus dans la prison de Rabat-Salé, parmi lesquels Naâma Asfari, militant actif des droits de l'homme. L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), une ONG française, a également demandé au MAE français d'appeler les autorités marocaines à libérer "immédiatement" Naâma Asfari et ses coaccusés afin qu'ils soient rejugés devant une juridiction civile "si les poursuites à leur encontre n'ont pas été motivées uniquement par leurs opinions politiques et leur militantisme en faveur des droits de l'homme".