Le maire d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, a interpellé pour la deuxième fois le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, sur la situation des prisonniers politiques sahraouis, lui demandant d'intervenir auprès des autorités marocaines. "Monsieur le ministre, la situation des détenus du groupe Gdeim Izik est extrêmement préoccupante. Il semblerait que les autorités marocaines soient décidées à agir dans cette affaire sans tenir compte des droits humains les plus élémentaires, dont celui d'être défendu par un avocat", a-t-il averti dans une seconde correspondance adressée mardi au ministre, dont l'APS a obtenu une copie. La première correspondance lui a été envoyée le 24 mars dernier. Le maire d'Ivry, une commune située dans l'Ile de France et limitrophe de Paris, a appelé le ministre "à nouveau" à intervenir auprès des autorités marocaines afin de "les inviter à respecter pleinement les droits de ces prisonniers et de ceux qui souhaitent, à juste titre, les défendre". Il a rappelé dans sa correspondance qu'il l'avait déjà alerté le 24 mars dernier de la situation "dramatique" des vingt-quatre sahraouis défenseurs des droits de l'homme, détenus dans la prison de Rabat-Salé, parmi lesquels Naâma Asfari, militant actif des droits de l'homme. Le ministre français a été également destinataire, rappelle-t-on, d'une correspondance de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), une ONG française, dans laquelle elle lui demande d'intervenir auprès du Maroc pour libérer les prisonniers politiques sahraouis. L'ACAT a estimé que la France, en tant que membre de l'Union européenne, est "tenue de mettre en £uvre ses lignes directrices concernant la torture et les défenseurs des droits de l'homme dans ses relations avec les pays tiers". Elle a demandé à Jean-Marc Ayrault d'appeler les autorités marocaines à libérer "immédiatement" Naâma Asfari et ses co-accusés afin qu'ils soient rejugés devant une juridiction civile "si les poursuites à leur encontre n'ont pas été motivées uniquement par leurs opinions politiques et leur militantisme en faveur des droits de l'homme". L'ACAT, créée en 1974 et forte d'un réseau de 39.000 membres actifs, a également demandé au MAE français de "diligenter une enquête sur leurs allégations de torture et de mauvais traitements". "A l'exemple du ministre des Affaires étrangères espagnol et du Barreau de Paris, je vous demande de faire part aux autorités marocaines de votre réprobation face à l'arrestation et l'expulsion des sept juristes et de leur accompagnatrice", a-t-elle écrit dans la lettre, dont une copie a été adressée à l'ambassadeur de France à Rabat.