Quelque 65,3 millions de personnes étaient déracinées à la fin de l'année 2015, franchissant pour la première fois le seuil des 60 millions de personnes contraintes de se déplacer, a déclaré lundi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Selon le rapport annuel du HCR sur les tendances mondiales, qui analyse les déplacements forcés dans le monde entier, un être humain sur 113 est aujourd'hui soit déraciné, soit demandeur d'asile, déplacé interne ou réfugié, par rapport à la population totale globale comptant 7,349 milliards d'habitants, selon l'agence chinoise Chine Nouvelle. Le total de 65,3 millions comprend 3,2 millions de personnes dans les pays industrialisés qui, à la fin 2015, étaient en attente d'une décision en matière d'asile, 21,3 millions de réfugiés à travers le monde et 40,8 millions de personnes contraintes de fuir leurs foyers tout en restant au sein des frontières de leur propre pays, a précisé le rapport. La Colombie avec 6,9 millions, la Syrie avec 6,6 millions et l'Irak avec 4,4 millions de déplacés comptent quant à eux le plus grand nombre de personnes déplacées internes. Le Yémen a généré le plus grand nombre de nouveaux déplacés internes en 2015 - 2,5 millions de personnes, soit 9% de sa population, selon la même source. Le déplacement forcé est en hausse depuis au moins le milieu des années 1990 dans la plupart des régions mais, ces cinq dernières années, le rythme s'est accru. A la fin 2005, le HCR enregistrait en moyenne six personnes déracinées chaque minute. Aujourd'hui, ce nombre est de 24 par minute, soit presque le double de la fréquence habituelle de la respiration d'un adulte. "Davantage de personnes sont déracinées par la guerre et la persécution, ce qui est déjà inquiétant en soi, mais surtout les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient également", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. La croissance de ce rythme s'explique par trois raisons, selon les mêmes sources : les situations provoquant d'importants flux de réfugiés durent plus longtemps, de nouvelles situations dramatiques ou des reprises de conflits se produisent fréquemment, et enfin le rythme auquel des solutions sont trouvées pour les réfugiés et les personnes déplacées internes est en baisse depuis la fin de la Guerre froide, a conclu le HCR. Le HCR appelle les hommes politiques à assumer leurs engagements envers les réfugiés MADRID - La représentante en Espagne du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Francesca Friz-Prguda, a appelé lundi à Madrid, les leaders des partis politiques en course pour les législatives du 26 juin à "faire le nécessaire pour éviter plus de morts et assumer leurs engagements envers les réfugiés". Francesca Friz-Prguda a souligné l'extrême importance d'éviter qu'il y'ait plus de morts et notamment parmi les enfants tout en demandant par ailleurs, aux leaders politiques espagnols de veiller "à l'accueil des réfugiés et œuvrer pour leur intégration en Espagne afin de répondre aux aspirations de la société civile espagnole qui reste mobilisée pour soutenir ces réfugiés", a-t-elle dit lors de la célébration de cette journée mondiale. La représentante du HCR a exhorté les partis politiques à faire de cette question "une priorité de l'Etat dans une perspective nationale, européenne et mondiale" tout en leur demandant "d'ouvrir les canaux légaux, développer un système d'accueil moderne et efficace et enfin faciliter la participation à l'intégration de toutes les parties prenantes et les réfugiés eux même qui sont actuellement 65 millions dans le monde dont la moitié sont des enfants", a-t-elle précisé. Les organisations sociales, les syndicats et les partis politiques ont appelé lundi à des manifestations dans plus de quarante villes espagnoles pour marquer la Journée mondiale des réfugiés et exiger "un changement de direction des politiques européennes en matière de migration et d'asile". Les organisateurs estiment que "l'union européenne est loin d'être un exemple de solidarité et d'agir en fonction de ses valeurs fondatrices". L'UE a "gravement mis en danger la vie de milliers de personnes et a causé plus de 25 milles morts au cours des quinze dernières années dans la mer méditerranée". Tout en qualifiant l'accord signé en mars dernier entre l'Union européenne et la Turquie "d'illégal et honteux", les organisateurs de ces marches dénoncent par ailleurs "les décisions prises unilatéralement par les états membres de l'UE qui "entravent ou empêchent l'entrée sur leur territoire des demandeurs d'asile".