Il y a 55 ans, la ville de Metz (nord-est de la France) était le théâtre de représailles sanglantes par des parachutistes français contre des Algériens qui ont fait 4 morts et 27 blessés. Appelé la "Nuit des Paras", cet événement dramatique s'était déroulé dans la nuit du 23 au 24 juillet 1961 à Montigny-les-Metz puis à Metz qui abritait, depuis quelques semaines, 2.500 parachutistes du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), retirés d'Algérie à la suite du putsch avorté du 21 avril 1961. Quatre-cents "bérets rouges" déferlent sur la ville et mènent une véritable "chasse à l'homme" à la gare de Metz et dans le quartier du Pontiffroy visant de nombreux émigrés algériens qui y vivaient. A l'origine de cette expédition punitive des paras du 1er RCP, une rixe intervenue dans la soirée du 23 au dancing le Trianon, à Montigny-lès-Metz, qui a opposé une quinzaine de paras à des clients algériens. Outre les nombreuses victimes, un marchand ambulant est molesté et jeté dans la Moselle au pont Saint-Georges. Pour commémorer ce douloureux événement, un collectif de cette ville a été créé le 21 juin dernier, a appris l'APS auprès du collectif qui, afin de faire connaître cette histoire tragique de la Guerre de libération nationale et ses répercussions en Moselle, "largement occultées par les livres d'histoire" et engager un travail de mémoire "indispensable à la vérité et la réconciliation", rendra hommage samedi à la mémoire de ce qui a été appelé la "Nuit des paras" à Metz. Le collectif déposera des gerbes de fleurs devant l'ex-Trianon aujourd'hui le Rouge et devant le Pont Saint-Georges. Mais au-delà du débat, les membres du collectif demandent la pose de deux stèles à la mémoire des morts : l'une à Metz, l'autre à Montigny. Dans une interview au quotidien local Metz Métropole, le porte-parole du collectif Yvon Schéleret a indiqué que le collectif envisage d'"élargir la question sur l'histoire des immigrés en Lorraine, de rappeler leurs mémoires". "Faire justice soi-même est tellement ridicule. Il faut faire prendre conscience aux gens qu'il y a des valeurs à défendre : le respect des autres, l'acceptation de la différence, l'interculturalité", a-t-il ajouté. Au programme de samedi après-midi, une conférence sera organisée à l'Hôtel de ville, en présence de l'historien franco-allemand Lucas Hart, historien, qui évoquera ses travaux sur "les Algériens dans l'espace frontalier de la Lorraine de 1945 à 1962". La conférence sera suivie par la présentation d'un web documentaire (enquête) intitulé "la Nuit des paras", réalisé par Jean-Baptiste Allemand, avec des témoins de ces évènements, sur "la ratonnade massive commise par des parachutistes français à Metz, pendant la guerre d'Algérie". Par ailleurs, le collectif a lancé un appel aux témoins de l'époque qui ont vécu ces événements d'une manière ou d'une autre, afin de recueillir leur récit ou tout document (photos, archives sonores, etc.) susceptible de "faire la lumière sur cet épisode local" de la guerre de libération.