L'installation de l'Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE) est "plus que capitale" pour garantir "la clarté" dans le secteur et gagner "plus en professionnalisme", ont estimé mardi des experts, qui réagissaient au message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika à la famille de la presse. Le professeur et spécialiste des médias, Belkacem Ahcene Djaballah a indiqué, dans une déclaration à l'APS, qu'"il était temps" que les lois soient appliquées dans toute leur rigueur, étant donné que la loi relative à l'infirmation de 2012 a été "discutée, votée et promulguée, ça fait plus de 4 ans". "On ne peut pas laisser une loi inappliquée, car ça laisse des incompréhensions, des doutes et parfois de fausses interprétations", a soutenu, M. Djaballah, affirmant qu'il fallait mettre l'ARPE "rapidement" sur pied. Il a observé que l'Algérie avait assez de journalistes et de spécialistes "très compétents" pouvant composer cette instance, pour apporter tout leur savoir-faire et leur expertise, indiquant qu'il faut y aller "assez vite", sans pour autant verser dans "la précipitation". Pour sa part, le professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université Alger III, Laid Zeghlami a relevé que cette autorité était "plus que capitale" pour que les choses soient faites dans "la clarté, le professionnalisme et dans le respect de l'éthique et de la déontologie". Il a ajouté qu'elle viendrait ainsi renforcer l'arsenal juridique déjà existant, car il est "impératif de réglementer" pour éviter "les dérives et les dérapages", qui nuisent notamment à l'image de l'Algérie. Pour lui, le message du président Bouteflika est venu "à point nommé" pour rappeler à ceux qui "hésitaient et tergiversaient" sur l'opportunité de la mise en place de cette autorité. "Nous avons une presse de renommée mondiale, mais qui a besoin après 26 ans de pluralisme de gagner un peu plus en professionnalisme et en crédibilité", a-t-il souligné. De son côté, le spécialiste des médias et professeur en sciences de l'information et de la communication, Redouane Boudjmaa a estimé que l'ARPE serait un "bon instrument de régulation" si les conditions "véritables" d'une régulation professionnelle seront réunies, à savoir une "très bonne organisation" de la corporation journalistique, pour que cette dernière puisse construire les instruments d'autorégulation, à travers les différentes salles de rédaction. Il a ajouté, qu'en plus de la régulation professionnelle, il est "essentiel" de réguler le marché, à travers l'instauration d'un système économique rationnel. "La publicité doit être une source importante de régulation, en obéissant aux lois du marché, pour faire la part belle entre les différents journaux", a-t-il soutenu. Il a expliqué, dans ce sillage, qu'un bon annonceur irait "automatiquement" vers les journaux à fort tirage et surtout "crédibles", déplorant que jusqu'à maintenant en Algérie, la publicité obéissait et répondait à un "rapport de force et non aux lois du marché". Le président Bouteflika a exhorté la corporation de la presse écrite et les autorités publiques concernées à oeuvrer ensemble pour accélérer la mise en place de l'ARPE. "Je saisis cette heureuse occasion pour exhorter la corporation de la presse écrite et les autorités publiques concernées à oeuvrer ensemble pour accélérer la mise en place de l'ARPE, stipulée par la loi", a indiqué le président Bouteflika dans un message à l'occasion de la célébration de la journée nationale de la presse, célébrée le 22 octobre de chaque année. Le Chef de l'Etat a émis le voeu que cet organe "soit lui aussi un espace pour établir davantage de compréhension entre le pouvoir et la presse écrite et aider la presse algérienne à améliorer sa performance, non seulement en termes de liberté d'opinion, de diversité d'idées et de convictions mais également pour la consécration de la certitude que nous sommes, aussi différentes que soient nos obédiences, un peuple uni et unique et que nous n'avons d'autre patrie que l'Algérie". Pour sa part, le ministre de la Communication, Hamid Grine a indiqué samedi que la mise en place de l'ARPE, "se fera dès que les moyens logistiques et les conditions pratiques seront réunies". La loi relative à l'information de 2012 a institué cette instance, jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière, chargée notamment, "d'encourager la pluralité de l'information" et de "veiller à la diffusion et à la distribution de l'information écrite à travers tout le territoire national". Elle est chargée, en outre, de veiller à "la transparence des règles économiques de fonctionnement des entreprises éditrices" et à "l'interdiction de la concentration des titres et organes sous l'influence financière, politique ou idéologique d'un même propriétaire". Missions et composition de l'Autorité de régulation de la presse écrite (ENCADRE) ALGER- L'Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE), une institution indépendante jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière, est prévue par la loi relative à l'information de 2012. L'ARPE est chargée notamment, "d'encourager la pluralité de l'information" et de "veiller à la diffusion et à la distribution de l'information écrite à travers tout le territoire national". Elle est chargée, en outre, de veiller à "la transparence des règles économiques de fonctionnement des entreprises éditrices" et à "l'interdiction de la concentration des titres et organes sous l'influence financière, politique ou idéologique d'un même propriétaire". Elle a pour rôle également de veiller à la qualité des messages médiatiques ainsi qu'à la promotion et la mise en exergue de la culture nationale dans tous ses aspects et à l'encouragement et à la consolidation de la publication et de la diffusion dans les deux langues nationales par tous les moyens appropriés. Cet organe, tenu également de "fixer les règles et les conditions des aides accordées par l'Etat aux organes d'information et de veiller à leur répartition", est composé de 14 membres nommés par décret présidentiel pour un mandat de six ans non renouvelable. Sur les 14 membres devant composer l'ARPE, trois sont désignés par le chef de l'Etat, dont le président de l'autorité. De plus, deux membres non parlementaires sont proposés par le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) et deux membres également non parlementaires sont proposés par le président du Conseil de la nation. Les 7 autres membres sont élus à la majorité absolue parmi les journalistes professionnels et doivent justifier d'au moins 15 ans d'expérience dans la profession. L'autorité de régulation peut être saisie, par toute institution de l'Etat ou organe de presse, de demande d'avis relevant de sa compétence. Par ailleurs, il est interdit aux membres de l'ARPE, pendant la durée de leurs fonctions, de prendre une position publique sur les questions ayant fait ou étant susceptibles de faire l'objet d'actes, de décisions ou de recommandations de l'autorité de régulation ou de consultation sur les mêmes questions.