L'offensive lancée par les forces irakiennes pour chasser le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI, Daech) de Mossoul, se poursuivait dimanche sur fond de "résistance féroce" de cette organisation radicale, responsable selon l'ONU, de l'exécution, en une semaine, de dizaines de civils dans cette ville du nord de l'Irak. Les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre, avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, une opération d'envergure pour reprendre au groupe Daech son bastion de Mossoul. Malgré les succès enregistrés sur le terrain dans plusieurs secteurs stratégiques, la reprise totale de cette ville ne devrait pas intervenir "avant des semaines voire des mois", selon des responsables. Samedi soir, les forces irakiennes étaient engagées dans d'"intenses" combats avec les terroristes dans l'est de Mossoul, selon un officier. Confrontées à une vive résistance de l'EI lors de leur entrée il y a une semaine dans les quartiers est de la ville, les unités du Contre-terrorisme irakien (CTS) avaient décidé de consolider leurs positions dans la périphérie avant de poursuivre leur progression. D'après un autre commandant de ces forces d'élite, Ali Hussein Fadhel, les combattants s'approchent de Karkoukli, un autre quartier dans l'est de Mossoul. Et les terroristes de Daech résistent avec des attaques-suicides, des voitures piégées et en disséminant des explosifs dans les maisons et immeubles. L'EI a également mis en place un vaste réseau de tunnels souterrains pour mener une guérilla urbaine. Il utilise aussi les civils comme boucliers humains, a-t-on indiqué. Au nord et à l'est de Mossoul, les combattants kurdes, les peshmergas, ont repris à l'EI, depuis le 17 octobre date du début de l'offensive, plusieurs villes et villages. Au sud, l'armée irakienne a également progressé et se trouve près de la cité antique de Nimrod, à une trentaine de kilomètres de Mossoul. Sur le front ouest, une coalition de milices, pour la plupart chiites, mène aussi des combats contre Daech, notamment pour couper l'axe de ravitaillement des terroristes avec Raqa, leur bastion en Syrie voisine. "Agent" et "traître" sur les corps des exécutés Dans la foulée de l'offensive sur Mossoul, le groupe Daech a exécuté la semaine passée au moins 60 civils dans la ville et ses environs, accusant 40 d'entre eux de "trahison" et les 20 autres d'avoir transmis des informations aux forces irakiennes, a indiqué vendredi l'ONU. Ces "assassinats" ont eu lieu à différents moments et lieux de Mossoul, a précisé la porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève. Les victimes dont les corps ont été suspendus aux poteaux électriques de Mossoul étaient vêtues d'une tenue orange avec des inscriptions en rouge "traîtres et agents des ISF" (acronyme en anglais pour forces irakiennes de sécurité), selon les détails fournis par le Haut-commissariat de l'ONU. Alors que l'ONU ne cesse de publier ces derniers jours des détails sur les horreurs- torture, exploitation sexuelle, recrutement d'enfants, assassinats- commises par Daech en Irak, le Haut-commissaire Zeid Ra'ad Al-Hussein a demandé vendredi que la Cour pénale internationale (CPI) soit saisie. Le nombre de déplacés en hausse En Irak, les travailleurs humanitaires craignent d'importants déplacements de population au fur et à mesure que les forces irakiennes progressent dans Mossoul. Dans ce contexte, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR, a indiqué récemment que le nombre de déplacés depuis le début de l'offensive sur Mossoul, a doublé en une semaine pour atteindre 47.730 personnes. Entre 3.000 et 5.000 éléments de Daech se trouveraient à Mossoul, selon des estimations américaines. Leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi, les a exhortés à lutter jusqu'au bout. L'EI avait conquis de vastes pans de territoires en Irak et en Syrie en 2014, profitant des conflits dans ces deux pays. Il a depuis perdu beaucoup de terrain, notamment en Irak.